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vastes projets, qu’il nous a été donné d’approcher un court instant Son Altesse Impériale. Actif, entreprenant, laborieux, d’esprit prompt et ouvert, très au courant des travaux et de la situation des autres nations, en matière maritime et commerciale, le grand-duc traite les questions économiques avec une réelle compétence, en homme qui en a fait l’objet d’études spéciales et approfondies. Pour réussir dans l’œuvre à laquelle il s’est courageusement adonné, il ne lui manque ni l’énergie, ni les moyens, ni la foi. Il a su s’entourer de collaborateurs distingués, dont le plus éminent, celui dont il a fait son bras droit, est le contre-amiral Abaza, familier avec notre langue, notre marine et nos chantiers. Très moderne et, si j’ose m’exprimer ainsi, bien de son temps, le grand-duc a compris combien il importe, pour arriver à ses fins, d’intéresser à son œuvre l’opinion publique. Il a fondé une revue, La mer et la vie maritime, rédigée sous son inspiration, et dans laquelle, à côté de nouvelles, d’articles littéraires consacrés à des sujets maritimes, on trouve les études les plus graves et les mieux documentées sur les ports de Novorossisk et de Revel, les besoins des ports de la Mer-Noire, le mouvement de Batoum, les écoles de navigation, le développement des constructions navales, la flotte de commerce russe, etc.


Divers actes législatifs, dont quelques-uns ont une véritable portée, sont sortis des différentes administrations auxquelles incomba successivement le soin de diriger la marine marchande.

La série s’ouvre par une loi de 1897, qui est encore due, par conséquent, à l’initiative du ministère des Finances. L’ « avis du Conseil de l’Empire, » approuvé par l’Empereur, le 29 juin 1897, dispose : « Les droits à la navigation au cabotage (transport des marchandises et des voyageurs) dans tous les ports russes, sont exclusivement réservés aux sujets russes, ainsi qu’aux bâtimens naviguant sous pavillon russe. » Exception est faite seulement pour le sel, qui peut être transporté sous pavillon étranger, des ports de la mer d’Azof et de la Mer-Noire, à ceux de la mer Baltique. Avant cette mesure, le petit cabotage, c’est-à-dire la navigation de port russe d’une mer à port russe de la même mer, était seul réservé au pavillon national. En vertu de la loi de 1897, le privilège est étendu au grand cabotage ou cabotage lointain, c’est-à-dire aux transports effectués de port russe d’une