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sortent, il nous faut dire quelques mots de la législation qui les régit, des marins qui les montent et des ouvriers qui les chargent et les déchargent.

Le droit d’arborer le pavillon russe appartient aux sujets russes, aux Sociétés par actions de constitution russe, à des maisons de commerce, dont un des principaux administrateurs, ayant la signature sociale est sujet russe, ou aux Sociétés dont l’associé-gérant a la nationalité russe. Chaque navire doit avoir une patente de pavillon délivrée par une des douanes de port et être inscrit sur des registres spéciaux. Le navire, d’après le droit russe, est un meuble. Toutefois, la vente de ce meuble est assujettie à quelques règles spéciales. Elle s’opère par la transmission à l’acheteur de l’acte de propriété, avec inscription signée par le vendeur et légalisée par un notaire, ou, si la vente a lieu à l’étranger, par un consul russe. Tous les autres documens appartenant au navire, comme le rôle d’équipage, la patente de pavillon, etc., doivent être remis à l’acheteur. Le droit de propriété d’un navire ne peut être prouvé qu’en produisant ces documens, au complet et en règle. La saisie et la vente forcée se font d’après les règles générales adoptées pour la vente des biens meubles ordinaires. Les hypothèques, dans le sens du droit français, ne sont pas prévues pour les navires. Il n’y a pas de prescription spéciale en matière maritime. Faute d’indications particulières à ce sujet, il faut admettre aussi que les lois concernant le prêt sur gage sont applicables aux navires. La législation russe, enfin, connaît l’emprunt à la grosse aventure.

Il n’existe en Russie rien d’analogue à notre « inscription maritime. » Marine de guerre et marine de commerce, recrutent pareillement leurs équipages comme elles veulent, ou plutôt comme elles peuvent, parmi les paysans de l’intérieur, aussi bien que parmi les habitans des côtes. Mais la loi impose aux armateurs la lourde obligation de composer de sujets russes les états-majors et les équipages de leurs navires. La question de la composition des équipages est particulièrement difficile à résoudre en Russie, vu l’inexpérience des habitans, le défaut d’apprentissage et de traditions, l’insuffisance des écoles formant des matelots, des mécaniciens, des capitaines pour la marine de commerce. Le Slave des basses classes n’a pas la vocation maritime : il est paysan, ouvrier agricole, à la rigueur ouvrier