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qu’il ne le serait ailleurs. Dans cette mer, comme dans la mer d’Azof, chaque port est l’exutoire d’une région agricole et dépend, pour son degré de prospérité, de la récolte en céréales dans la zone qu’il dessert. Si la récolte est abondante, son activité augmente ; si la récolte est faible, son activité diminue. Il en résulte que les différens ports se font bien concurrence, mais qu’ils se suppléent aussi l’un l’autre. Si la récolte est mauvaise dans les territoires qui alimentent, par exemple, Odessa, les armateurs russes et étrangers dirigent leurs navires sur Taganrog, Rostoff ou Novorossisk, où les stocks ont chance d’être plus abondans. Le mouvement commercial d’Odessa diminue alors, mais c’est au bénéfice de celui de Taganrog, de Rostoff et de Novorossisk, et les pertes éprouvées d’un côté sont compensées par les profits réalisés d’un autre. Les fluctuations subies par les moyennes particulières d’un de ces ports restent ainsi sans influence sur le mouvement général de l’ensemble.

La flotte de commerce de la Mer-Noire constitue l’élément essentiel de la marine marchande russe. Si l’on envisage la répartition des navires russes par mers, on s’aperçoit que le bassin de la Mer-Noire et de la mer d’Azof l’emporte sur tous les autres par le nombre et le tonnage des unités. Voiliers et vapeurs réunis, la Mer-Noire et la mer d’Azof comptent déjà plus de navires et d’un plus fort tonnage que toute autre mer. Si l’on s’en tient aux vapeurs, on constate qu’aux ports de ces deux mers reviennent 49,5 p. 100 du tonnage total de la flotte à vapeur, 333 unités sur 810 ; c’est là aussi que les vapeurs atteignent la jauge moyenne la plus élevée, 582 tonnes par navire. Jusqu’à 1899, il n’existait de navires de 2 000 tonnes et au-dessus, que dans les mers Noire et d’Azof ; quant à la Baltique, ce n’est que de 1899 à 1901 que 7 navires de cette dimension ont été attachés à ses ports.

Bien que dépossédée par la Mer-Noire du rang qu’elle occupait autrefois, la Baltique n’en continue pas moins à tenir une très grande place dans la navigation extérieure de la Russie. D’après les statistiques officielles, ses ports ont été visités, en 1900, par 31 855 navires, d’une jauge nette de 10 099 666 tonnes. Encore ces chiffres ne tiennent-ils pas compte des ports de Finlande, dont les statistiques russes ne font jamais mention, et, si l’on veut évaluer l’ensemble de la navigation sur les côtes russes de la Baltique, aux chiffres qui précèdent il faut ajouter