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métriques des quatre principales céréales : blé, seigle, orge et avoine. De 1889 à 1899, cette exportation a atteint, par an, 63 600 000 quintaux métriques, c’est-à-dire que la Russie a plus que quadruplé sa production en l’espace de trente ans. Elle produit actuellement plus de la moitié des avoines et des seigles du monde entier et, malgré l’importance des exportations des États-Unis et de la République Argentine, elle occupe le premier rang parmi les pays exportateurs de céréales.

Ajoutez à cela que les charbonnages du Donetz et les gisemens de pétrole du Caucase sont entrés en exploitation et ont commencé à donner d’importans rendemens. Berdiansk, Marioupol, Taganrog, Rostoff cherchent à tirer parti, grâce aux voies ferrées qui les relient au Donetz, du développement hâtif que l’industrie métallurgique et minière a pris dans le bassin de ce fleuve. Depuis qu’il est en communication, par un embranchement, avec Vladikavkas et Pétrovsk, sur la Caspienne, Novorossisk, est devenu un port d’exportation du pétrole. Le principal entrepôt de ce produit est cependant resté à Batoum, où une conduite, appelée « pipe-line, » amène directement l’huile minérale de Mikhailovo, sur le chemin de fer de Bakou. On s’explique ainsi, qu’en bordure de cette région à la fois agricole et industrielle, se soit formée comme une ceinture de ports.

Peut-être bien ces ports sont-ils un peu trop nombreux, par rapport au trafic qu’ils se partagent. La Russie n’a pas toujours su éviter l’écueil dans lequel sont tombés tant d’autres gouvernemens, notamment le nôtre, et qui consiste à disséminer les efforts et les crédits sur un grand nombre de ports, au lieu de les concentrer sur un seul. Les statistiques officielles n’enregistrent pas moins de 86 ports de commerce. Il est vrai que cette pléthore s’explique historiquement par la manière dont la Russie est entrée en possession de son littoral. Tant sur la Baltique que sur la Mer-Noire et sur le Pacifique, elle a conquis sa frontière maritime, morceau par morceau, s’empressant de créer un port sur la fraction qu’elle venait de s’annexer, ne voulant pas ensuite le laisser péricliter, lorsqu’elle en avait ouvert un nouveau, un peu plus loin. C’est pour cette raison qu’elle possède trois ou quatre ports sur des côtes oïl un seul suffirait parfaitement aux besoins du commerce.

Mais cet inconvénient est moins sensible dans la Mer-Noire