Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 23.djvu/626

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de la Russie : 85 pour 100 des sorties et 90 pour 100 des entrées de marchandises s’effectuaient par ses frontières, tandis qu’un peu plus de 5 pour 100 seulement revenaient à la Mer-Noire. Cette proportion est loin de s’être maintenue de nos jours. Si la Baltique continue à l’emporter sur la Mer-Noire, bien que de beaucoup moins qu’autrefois, au point de vue des importations, elle cède le pas à celle-ci, en ce qui concerne les exportations[1]. Aussi la Mer-Noire a-t-elle vu s’accroître, dans des proportions beaucoup plus rapides que la Baltique, le nombre et le tonnage des navires fréquentant ses ports : le chiffre qui représente ce tonnage a augmenté, dans le courant du dernier siècle, de soixante-six fois sa valeur, tandis qu’il n’est devenu, dans la Baltique, que huit fois et demie plus grand. Grâce à la prédominance des exportations dans le commerce extérieur de la Russie, c’est à la Mer-Noire qu’appartient aujourd’hui le rôle le plus important et le plus actif dans le mouvement maritime de cet État.

Tout autour de ce bassin et de son annexe, la mer d’Azof, s’est créée une série de ports, dont quelques-uns sont parvenus en très peu de temps à un développement vraiment remarquable. Odessa est devenu le premier port maritime de la Russie, avec un tonnage total de 5 570 536 tonnes, dépassé seulement par celui d’Astrakhan, qui ne peut être considéré comme port extérieur. A côté de cette grande métropole commerciale, fréquentée par tous les pavillons, port d’attache des principales Compagnies de navigation russes, grenier de l’Europe et premier marché du monde pour les céréales, ont surgi nombre d’autres ports de moindre importance : Nicolaïew, Eupatoria, Théodosie, Kertch, Taganrog, Berdiansk, Marioupol, Rostoff, Temriouk, Novorossisk, Poti, Batoum, etc. Le nombre des navires, qui ont visité les ports de la Mer-Noire et de la mer d’Azof, s’est élevé, en 1900, à 78 962 et leur tonnage à 46 059 720 tonnes.

Comment tant de ports sont-ils nés et ont-ils vécu sur les rivages méridionaux de la Russie ? C’est ce qu’expliquent les immenses progrès accomplis dans ce pays par la production des céréales, depuis l’émancipation des serfs. De 1860 à 1869, il avait été exporté annuellement, en moyenne, 1 4400 000 quintaux

  1. De 1890 à 1898, les exportations effectuées par la Baltique ont été représentées par 38,6 pour 100 ; celles de la Mer-Noire, par 37,3 ; les importations de la Baltique, par 68,7 ; celles de la Mer-Noire par 27,5.