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Excubiteurs. Le troisième groupe enfin, du côté de la vieille ville, assiège le « Tzykanisterion » ou Carrousel spécial pour les exercices équestres des basileis, établi par l’empereur Basile Ier, au IXe siècle. Constantin oppose de même à ces agresseurs trois groupes principaux de défenseurs. Partout la lutte se rallume plus ardente, plus furieuse. Les partisans du basileus se défendent en désespérés. Le carnage est immense, surtout parmi les assaillans, car cette foule urbaine combat presque nue et sans armes, luttant à coups de pierres et d’autres matériaux de cette sorte contre des soldats couverts de mailles et supérieurement équipés. On dit que, dans ce seul jour, qui fut le mardi 20, environ trois mille hommes de la plèbe constantinopolitaine périrent. Enfin, après des heures de massacre, après toute une journée et toute une nuit de lutte horrible, le succès, vers la fin de la nuit du mardi au mercredi, demeura au plus grand nombre. Les émeutiers vinrent à bout des défenseurs du Palais. Nous n’avons guère de détails sur cet effroyable envahissement de cette magnifique et séculaire demeure des basileis. Ce dut être le plus affreux pillage, rendu plus dramatique encore par l’heure si matinale. On se battait certainement torches en mains. Skylitzès dit seulement que, forçant les portes du Palais, la foule des assaillans se précipita dans le « Sekreton, » brisant et détruisant tous les objets précieux qui s’y trouvaient conservés, s’emparant en outre de sommes énormes en numéraire, détruisant du même coup tous les registres des impositions publiques. Toutes ces bêtes fauves n’avaient qu’une pensée : se saisir du basileus exécré pour le massacrer. Lui, lorsqu’il s’était senti perdu, avait eu encore le temps, après avoir changé de vêtemens pour ne pas être reconnu, de courir au petit port du Palais sur la mer de Marmara. Là, il s’était, à l’aube naissante, jeté avec le nobilissime et quelques familiers dans le dromon ou galère impériale qui avait immédiatement pris le large. Il laissait derrière lui Zoé, qui fut aussitôt retrouvée par la foule des émeutiers et portée en triomphe par eux. Durant ce temps, le bâtiment qui portait le fugitif cinglait en hâte le long de la rive de l’immense cité jusqu’en face du monastère de Stoudion, l’immense couvent dont l’emplacement est aujourd’hui encore marqué par la mosquée de l’Ecuyer. Mettant pied à terre précipitamment en ce point écarté de la Ville, où l’émeute n’était pas encore maîtresse, l’oncle et le neveu coururent au