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plus, ils étaient intéressés dans l’affaire pour leur mise, leur part tout comme les simples associés qui n’avaient pas de responsabilité vis-à-vis des tiers, mais qui pouvaient être tenus de participer aux pertes dans’ la proportion de leur intérêt. Les parts étaient libérées de 10 pour 100, les versemens effectués rapportaient 4 pour 100 d’intérêt ; les associés participaient également au bénéfice net.

La forme choisie par Hansemann le dispensait de toute relation avec l’État ; elle était conforme à la législation et cependant elle sortait du cadre habituel ; c’était une innovation qui a exercé plus tard une véritable influence sur l’élaboration du Code de commerce. L’objet de la société ne fut pas modifié ; une plus grande liberté fut donnée pour recevoir des dépôts à intérêt de membres et de personnes étrangères à la société ; les sommes, qui n’étaient pas absorbées par les crédits ouverts aux associés, ne pouvaient être employées qu’en escomptes ou en avances sur effets de commerce ; toutes les opérations de spéculation étaient interdites.

La Société d’Escompte entra en activité avec 236 membres, qui avaient souscrit des parts représentant environ 500 000 thalers ; au bout de dix-huit mois, elle en comptait 1 400 avec 5 millions de thalers[1]. Le développement était satisfaisant, mais on se heurtait toujours encore à la mauvaise volonté du gouvernement prussien, notamment au manque de sympathie de la Banque de Prusse. Hansemann ne trouvait personne qui voulût partager les responsabilités de la gérance, ce qui l’empêcha de prendre la direction de la Banque de commerce et d’industrie que Mevissen et Abraham Oppenheim fondaient à Darmstadt : ils offraient cependant 30 000 florins et une participation de 5 pour 100 dans les bénéfices. Hansemann avait réservé à son fils Adolphe le droit d’entrer comme gérant, mais celui-ci ne voulait pas encore abandonner sa fabrique d’Eupen.

Les statuts avaient fixé à trois au minimum, à neuf au maximum le nombre des gérans ; la dictature du fondateur ne devait constituer qu’un stage temporaire. Un des obstacles qui rendaient si difficile l’obtention de concours nouveaux provenait de la

  1. L’admission de nouveaux membres était prononcée après examen par une commission spéciale, le Conseil d’administration et la direction. Dès le début, le fonctionnement de la Société d’escompte différa de celui de l’Association de crédit de Bruxelles. Les crédits ouverts aux membres ne dépassèrent jamais 45 pour 100 du montant souscrit.