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Les relations entre Hansemann et Lamprecht, président du « Bankdirektorium, » avaient commencé par être bonnes ; elles ne le restèrent pas longtemps ; Lamprecht avait été habitué à une indépendance complète, lorsque Rother était chef de la Banque, et il ressentit comme des empiétemens sur son autorité toutes les mesures prises par Hansemann, dont il était d’ailleurs l’adversaire politique. C’était de plus un bureaucrate de carrière, tandis que son supérieur était un commerçant. Hansemann entreprit des voyages d’inspection, la gestion de certaines succursales lui parut défectueuse, notamment en ce qui touchait les escomptes et les avances. Le conflit éclata à l’occasion d’un arrêté du chef de la Banque (19 avril 1850) prescrivant de lui soumettre, sans aucune exception, toutes les affaires importantes. Lamprecht et ses collègues répondirent par une plainte formelle concernant la façon dont Hansemann comprenait et remplissait ses fonctions, plainte remise le 2 mai au ministère. Hansemann répliqua par un rapport détaillé, expliquant qu’il avait non seulement le droit, mais le devoir d’exercer un contrôle et une surveillance sévères. Le ministère lui donna raison, au point de vue de la forme, mais refusa d’entrer dans le fond du débat.

La retraite de Hansemann fut amenée par une voie indirecte, que ses ennemis surent choisir avec habileté ; ils portèrent l’attaque sur un point de droit constitutionnel, les relations du chef de la Banque avec le souverain et les ministres ; le chef de la Banque devait être subordonné à un ministre qui aurait à contresigner ses rapports. Au commencement de 1850, la commission du budget de la seconde Chambre s’occupa de la question, sans arriver à une décision ; elle y revint en mars 1851. Une motion fut présentée demandant au gouvernement d’indiquer le ministre qui aurait la responsabilité de la direction de la Banque, et après quelques explications fournies par Hansemann, il fut résolu de remettre au ministère la solution du problème. Le rapport de la commission fut rédigé par Bismarck, qui s’était fait nommer rapporteur, bien qu’il ne fît pas partie de la commission, aux séances de laquelle il assistait comme député. Bismarck insinua que l’avis de la commission avait été de confier le poste de chef de la Banque à un ministre ; dans le débat qui eut lieu le 20 mars, il attaqua Hansemann et se prononça en faveur de l’administration par un collège de directeurs responsables ; la prépondérance du chef actuel réduisait les directeurs à