Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 22.djvu/812

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

actuel[1]. » A Privas, la municipalité a nommé une commission départementale que préside un ancien député de 1848, Gleizal : lui-même atteste la tranquillité universelle, sollicite un préfet étranger au département et conclut par ces mots « Armez le pays[2]. » Au Puy, où la municipalité est bonapartiste[3], c’est le préfet impérial qui prend l’initiative des mesures révolutionnaires, s’adjoint, pour l’administration du département, « un comité d’hommes connus pour leurs opinions libérales et républicaines » et, d’accord avec eux, propose « d’adjoindre pareillement au conseil municipal du Puy un comité consultatif de huit membres[4]. » Ce préfet impérial, plus républicain que son département, ne semble pas assez républicain à Paris. Il est remplacé par un homme que l’on envoie de la capitale convertir la contrée. Dès l’arrivée de ce nouveau venu, Béhaguel, la municipalité conservatrice fait, le 12 septembre, « adhésion au gouvernement de la République[5], » et, grâce à lui, les progrès coûtent si peu que, dès le 17, « le comité républicain et un grand nombre d’habitans » jugent cette adhésion insuffisante et « demandent la dissolution du conseil municipal et la révocation du maire[6]. » Le préfet continue son œuvre républicaine jusqu’au jour où les papiers des Tuileries apportent la preuve qu’il a été lui aussi un agent de l’Empire. Le gouvernement le révoque et, pour n’être plus trompé, le remplace par Henri Lefort, républicain jusqu’au socialisme. Sous le socialiste éprouvé, comme sous le faux républicain, comme sous le bonapartiste, le département obéit toujours et ne change pas.

Cette placidité de l’Auvergne se retrouve dans les Alpes. Elle règne en Savoie, pays d’agriculture, aux villes de vieille bourgeoisie, et qui s’était donnée dix années auparavant à l’Empire autant qu’à ta France. A peine à Saint-Julien et à Bonneville, sous l’influence des révolutionnaires genevois, trouve-t-on l’avocat, le docteur et le pharmacien nécessaires pour constituer des commissions provisoires et tenter quelques tumultes[7]. A Annecy,

  1. Id., 1144.
  2. Id. 780.
  3. Le parti républicain n’a aucun représentant dans ce corps. « Dépêche du Préfet impérial, 5 septembre, Id., 1106.
  4. Id.
  5. Id., 1107.
  6. Id., 1107.
  7. Id., 1347-1348.