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Robespierre[1], Saint-Just[2], non seulement tous les montagnards pour qui la tyrannie des assemblées par la populace, et la proscription des assemblées par elles-mêmes furent les moyens réguliers du gouvernement[3], mais les monomanes d’atrocité comme Marat[4],

  1. Histoire de Robespierre, par Hamel, 3 vol. in-8o ; 1861. « Robespierre, on l’a dit justement, c’était le principe fait homme. » p. 92. « Robespierre restera, non seulement comme un des fondateurs de la démocratie, dont il a donné la véritable formule dans la Déclaration des Droits de l’homme, mais ce qui vaut mieux encore, comme un des plus grands hommes de bien qui aient paru sur la terre. T. III, 807.
  2. Histoire de Saint-Just, par Hamel. « Quel amour de l’humanité ! Quelle affection pour les classes souffrantes ! Quelle pitié pour les malheureux ! Quelle science des rapports sociaux ! Saint-Just fut une de ces puissances de la création que la nature enfante dans ses jours de prodigalités. » 621.
  3. Les derniers Montagnards, par J. Claretie, 1868, in-8o. Dans sa préface, l’auteur disait de ces ouvrages sur la Révolution : « De ce besoin de renseignemens précis sont nées ces monographies intéressantes, curieuses, courageuses, que nous avons vues paraître dans ces dernières années, analyses exactes et profondes qui permettront à un écrivain futur de composer la synthèse définitive de cette grande histoire, » p. II ; Les conspirateurs de Prairial sont ainsi jugés : « Goujon est un sage en même temps qu’un énergique, » p. 109 ; Homme « un des hommes les plus intègres de la Révolution ; » Soubrany « dans le procès de Louis XVI fut un des conventionnels les plus radicaux : point d’appel au peuple, point de sursis, la mort, il lui semblait que la Convention à cette heure était comme un immense Conseil de guerre… Il avait tout sacrifié à la République, noblesse et fortune. mais sans arrière-pensée avec une sainte et patriotique ardeur, » p. 117 ; Bourbotte « avait réclamé la mise en jugement de la reine après avoir voté la mort du roi sans appel ni sursis ; c’est lui qui, avec Albitte et Chabot, s’opposa à ce qu’on recherchât les complices des massacres de Septembre et demanda le rapport du décret contre leurs auteurs. Peut-on blâmer l’excès du patriotisme ? » p. 112 ; Contre Duquesnoy seul une apparence de sévérité. Il avoit été moine. « Le moine fanatique subsiste sous le costume du conventionnel. On ne jette jamais tout d’une pièce le froc aux orties, des lambeaux en restent qui brûlent, robe d’inquisiteur, comme une robe de Nessus, » p. 128 ; L’auteur résume son opinion sur ces derniers montagnards par ces mots : « Ce groupe suprême suffirait pour le salut de la France. »
  4. Marat, par Bougeart, 1865, 2 vol. in-8o. — « Pauvre révolution ! Elle aussi sera stigmatisée de l’épithète de sanguinaire, et, quand on voudra l’incarner sous ce rapport, ce sera dans la personne de Marat ! Ingénieux rapprochement que nous acceptons et qui ne fut pas sans vraisemblance. Tous les deux en effet subirent les mêmes destinées. Après avoir marqué leur avènement par un appel solennel à la clémence, tous les deux furent forcés, car il ne leur était plus possible d’abandonner une cause devenue celle de l’humanité, tous les deux, pour se défendre, furent contraints d’opposer à la fureur de la contre-révolution la violence de la justice armée. Et tous les deux, pour prix du plus rare dévouement, lurent assassinés : Marat par la réaction républicaine aristocratique ; la Révolution par la réaction monarchique. » I, p. 98. À propos du plan de Constitution de Marat : « Comme il fait habilement ressortir dans son paragraphe « des forces de l’État, » que la France est heureusement le pays qui par sa situation, le nombre de ses habitans et le caractère guerrier de ses citoyens, a le moins besoin d’armée disciplinée ! On n’est pas assez revenu depuis sur cette observation : c’est que le pouvoir avait trop d’intérêt à conserver cent mille Janissaires a sa discrétion, » p. 173.