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L’autre jour, en me promenant dans cette très jolie vallée et tout près d’un petit lac qui y est, je songeais aux vôtres et à celui de Nervaux et je traçais le cadre d’une petite épître à vous, qui sera rempli je ne sais quand. — Vous aurez reçu une série de questions de Veyne sur les yeux du petit. — Je ne me remettrai à Port-Royal qu’après ma réception et les ennuis de cet hiver. Je voudrais me faire tout à fait libre vers avril prochain. Pourquoi ne retrouverai-je pas alors les bons huit mois de Suisse, d’Eysins, de quelque chose comme cela ? J’y vise de côté, je vous assure.

Soignez-vous, bien chère Madame, ne vous tourmentez pas, donnez du calme à ce front et à ces yeux, et retrouvez cette belle et puissante santé pour laquelle est faite votre organisation primitive.

J’embrasse Olivier et vous baise les mains.


1845


2 février.

Chère Madame,

Je reçois votre aimable mot, ne dites pas que je n’aurai pas le temps de vous lire. C’est mal. Je ne dois être reçu à l’Académie que le 27 février ; Mérimée l’est dans quatre jours, le 6.

Tandis que M. Thomas, M. Charles Labitte, dans les Revues de Paris et des Deux Mondes soutenaient la cause de M. Saint-Marc Girardin, et celle du bon sens spirituel, M. Auguste Vacquerie, dans la Presse du 17 janvier, entonnait l’hymne pindarique et célébrait en termes inouïs la clémence et la magnanimité du maître ; les images de M. Victor Hugo sur la sérénité inaltérable et olympienne reviennent ici, mais avec un surcroît de pinceau ; on sent que le disciple a besoin de renchérir, et l’on passe très sensiblement du tableau à la charge.

Certes il n’y a jamais eu de clémence et de générosité dont l’incognito ait été plus magnifiquement constaté. L’article se termine par ces incroyables paroles : « Les applaudissemens qui n’avaient pas manqué aux intentions de M. Saint-Marc Girardin ont accompagné d’un bout à l’autre l’admirable et noble réponse du poète. L’ovation a été complète, et le public a chaudement remercié M. Victor Hugo d’avoir replacé de hautes questions littéraires dans la sphère inaccessible où elles ne peuvent