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par sa beauté, et par l’étrangeté et les fantaisies d’une grande existence. Vous pourriez combiner les deux suppositions comme les faisant vous-même : « On se demande à qui une telle dédicace bizarre peut s’adresser… Serait-ce à la princesse B… ; mais non, le signalement ne va que sur quelques points ; on nous assure que c’est plutôt à une dame russe célèbre. Dans tous les cas, la dédicace est bien peu française.

Mme Benjamin Constant s’inquiète peu de son mari, perd ses papiers et ne réclamera sans doute rien : elle est toujours bergère à soixante-douze ans.

Je vous embrasse, chers amis, chère Madame.


Ce 20 juillet 1844.

Cher ami, chère Madame,

Voici une lettre de Mme Valmore. Ils sont bien dans l’incertitude, sans rien ici et au risque de partir je ne sais où. C’est fort triste de voir encore une fois se disperser ce nid d’hirondelles.

Vous avez vu que la Revue de Paris est morte, mais Buloz triomphe des Bonnaire. Ceux-ci le voulaient mettre dehors pour exploiter leur Revue en gens d’argent, et sans souci des idées ni de l’équipage. Buloz a tenu bon, il était propriétaire d’un tiers ; il leur a acheté leurs deux tiers, et la Revue des Deux Mondes va prendre développement en s’appuyant aux gens politiques et littéraires qui auront des actions et une part à la surveillance. Ç’a été une rude crise, terminée depuis deux ou trois jours seulement.

J’ai dîné avec M. Ducloux, lui ai fort parlé de la Revue Suisse et de tout : je l’ai trouvé très bon garçon et spirituel. Il va vous revenir bientôt. Voyez-le et causez à fond avec lui, je vous en prie. Un capitaliste qui a des idées ! mais c’est précieux.

Vous m’avez gâté, chère Madame, dans cette chronique, je vous en gronde ; je suis toujours bien obéré et cette inquiétude que vous savez n’a pas encore eu lieu de cesser. Que les choses vont lentement ! Le mal du moins est lent à passer ! A vous de cœur, chère Madame, chers amis.


Ce jeudi 28 juillet 1844.

Chère Madame,

J’aurais déjà dû vous répondre, mais je faisais un article. Celui d’Olivier est très bien et lui a fait ici beaucoup d’honneur :