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REVUE LITTÉRAIRE

LRES RELIGIONS CIVILES
SOUS LE DIRECTOIRE

On a fait à maintes reprises l’histoire politique, — toujours à refaire — de la Révolution. A peine est-ce si on en a ébauché l’histoire religieuse. Grave lacune, puisque, pendant toute cette période de notre vie nationale, la question religieuse s’est mêlée à toutes les autres et parfois les a dominées. On croit être quitte quand on a énuméré les mesures édictées aux momens de crises contre les cultes déjà existans. Cette étude « négative » doit être complétée par une autre. Il faut tenir le plus grand compte des cultes nouveaux, inaugurés à cette époque sous le patronage des diverses assemblées. Ç’a été l’erreur longtemps accréditée de n’y voir que des fantaisies individuelles : au contraire, ils procèdent d’une pensée constante, commune à tous les dirigeans de la Révolution. Il y a donc un intérêt considérable à rechercher comment ils sont nés, comment ils ont été accueillis, pourquoi ils sont morts. M. Aulard avait naguère ouvert la voie à ce genre d’études dans son livre sur Le Culte de la Raison et de l’Être suprême. Ce qu’il avait fait pour l’histoire religieuse de la Convention, un de ses élèves, M. Mathiez, vient de le faire pour l’histoire religieuse du Directoire. Son livre La théophilanthropie et le culte décadaire[1] soigneusement documenté à l’aide de patientes

  1. A. Mathiez, la Théophilanthropie et le culte décadaire. — Essai sur l’histoire religieuse de la Révolution, 1 vol. in-8o (Alcan). — Cf. Aulard, le Culte de la Raison et de l’Être suprême (Alcan). — Abbé Sicard, A la recherche d’une religion civile (Lecoffre). — A. Gazier, Études sur l’histoire religieuse de la Révolution (Colin), Papiers de Grégoire (fonds Gazier).