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affaiblissement général, où le nombre ne pourrait plus compenser le manque de consistance et d’instruction de chaque unité.

Mais il existe un moyen très simple et d’application facile de n’avoir en temps de paix que les unités strictement indispensables et, cependant, d’en retrouver, au moment d’une mobilisation, un nombre suffisant.

C’est l’adoption du dédoublement.

Dans cet ordre d’idées, chaque unité est constituée en temps de paix assez fortement en cadres officiers et sous-officiers ainsi qu’en hommes pour pouvoir, au moment du besoin, se scinder en deux, donner naissance à deux unités identiques qui conservent chacune une solidité suffisante. Ainsi un régiment d’infanterie ne composerait en temps de paix que deux bataillons de quatre compagnies chacun. Vienne la mobilisation, instantanément chaque compagnie se couperait en deux, chaque portion formerait, à l’aide des élémens reçus comme réservistes, une compagnie nouvelle, et le régiment se trouverait constitué à 4 bataillons de 4 compagnies chacun.

Aussitôt après la guerre, l’artillerie a adopté ce principe, et l’a appliqué sans hésitation à toutes ses formations. Toutes les batteries du temps de paix se dédoublent ainsi, elles en forment deux. Cependant rien ne paraissait plus difficile à exécuter qu’un pareil dédoublement dans cette arme toute spéciale, où le dressage de l’homme est si compliqué. L’artillerie cependant ne s’en plaint pas. Rien ne serait plus simple ni plus facile à appliquer dans l’infanterie, c’est une simple question d’organisation des cadres et d’effectif des unités en temps de paix.

Il est bien évident, du reste, que ce dédoublement n’est par lui-même qu’un palliatif, qu’une façon de concilier, avec le moins de dommage possible, la double nécessité de limiter le nombre des unités en temps de paix et de les multiplier, au contraire, au moment d’une mobilisation. Il est clair qu’il serait préférable d’avoir en tout temps toutes les unités constituées comme elles devraient l’être au moment du besoin, mais cela n’est possible qu’à la condition expresse que les unités pourront, comme en Allemagne, avoir toutes un effectif qui assure leur vie propre, leur instruction, et qu’elles ne seront pas seulement des unités administratives destinées à faire nombre sur le papier.

Avec la loi de 1872, qui composait l’infanterie française en tout et pour tout de 144 régimens à 3 bataillons et quelques