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vingt jours, que j’ai pris sur moi de stipuler au nom des puissances, sans leur dire un mot, car, de leur côté, la chose devenait impossible. »

Elles marchandèrent fort, et jusqu’à la dernière heure, leur ratification ; elles exigèrent, pour la donner, de nouveaux gages de l’Autriche. Ce délai, consenti par Napoléon dans l’illusion, encouragée par Metternich, de se procurer l’alliance ou de s’assurer la neutralité de l’Autriche, Metternich l’employa, d’accord avec les alliés, à préparer l’agression formidable des trois armées contre Napoléon, et lu diversion dangereuse de Bernadotte, dans le Nord de l’Allemagne. Bernadotte vint au quartier général des alliés, à Trachenberg, où des conférences eurent lieu entre les officiers qui avaient, à Wurschen, le 16 mai, élaboré le premier plan de guerre. Un protocole fut dressé le 12 juillet. Les Autrichiens n’y signèrent pas, mais il réglait leur rôle dans la guerre comme si, d’ores et déjà, ils étaient coalisés. Or, on ne peut admettre qu’on disposât ainsi de leurs armées sans leur consentement et sans que Stadion, présent à Trachenberg, en fût averti. L’armée de Silésie, est-il stipulé, se mettra, « avant l’expiration de l’armistice, en mesure de se joindre, dans le plus bref délai, à l’armée autrichienne, afin de former avec celle de Bohème un total de 200 à 220 000 combattans. » L’armée autrichienne, réunie à l’armée alliée, débouchera, d’après les circonstances, ou par Eger, ou dans la Saxe, ou dans la Silésie, ou du côté du Danube. Le 25 juillet, après une conférence entre Metternich et Radetzky, il fut décidé que le corps russe « destiné à se rendre en Bohême pour lier ses opérations à celles de l’armée autrichienne pourrait y entrer dès le 10 août, si, le 9, la paix préliminaire n’était pas signée. » A ce prix seulement, les alliés consentirent à ratifier la prolongation de l’armistice au 10 août[1].

L’Angleterre dit alors son mot, qui, désormais, dans toutes les affaires de la coalition, sera le dernier. Le général anglais Nugent se trouvait à Prague, en correspondance avec lord Cathcart, resté près des alliés. Ce lord lui communiqua des instructions, en date du 5 juillet, qu’il avait reçues de Castlereagh ; Nugent en conféra avec Metternich. L’Angleterre s’appropriait le programme russe et prussien du 16 mai, celui-là même que, dans le traité de Reichenbach, du 29 juin, l’Autriche avait

  1. Convention de Neumarck, 20 juillet 1813.