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C’est dans cet esprit que Radetzky compose un mémoire, daté du 10 juin, et que Schwarzenberg conçoit le plan qu’il présente, le 13, à l’Empereur. Ce plan est adopté le 15, dans un conseil auquel assiste Metternich.

Dans le même temps, ce ministre poursuit avec Nesselrode la négociation très scabreuse des « bases de paix » à poser à Napoléon et qui formeront le pivot du mouvement tournant de l’Autriche. Il distingue celles que l’Autriche posera en condition sine qua non et qui, si Napoléon les refuse, emporteraient l’adhésion immédiate de l’Autriche à la coalition, et celles dont elle ne ferait pas un casus belli immédiat, mais que les alliés se réserveraient de découvrir, selon les événemens, au cours des conférences, si Napoléon acceptait la médiation et le congrès. Il en fit, le 7 juin, une note que Nesselrode emporta à Reichenbach, où se trouvaient Alexandre et Frédéric-Guillaume. Cette note se terminait par la proposition à la Russie et à la Prusse de conclure un traité éventuel pour le cas de guerre. L’ouverture fut acceptée, et Stadion reçut les pleins pouvoirs nécessaires.

Les conférences s’ouvrirent le 10 juin à Oppontschna, entre Nesselrode, Hardenberg et Stadion. Dans une dépêche adressée à Stadion, le 14 juin, Metternich lui mande que la négociation qui va s’ouvrir « laisse à l’Angleterre la faculté d’y intervenir. Les alliés, en traitant, en première ligne, des objets qui se raccordent avec les vues de l’Angleterre, ne s’en séparent ni pour la forme, ni pour le fond. Ainsi les engagemens de la Russie et de la Prusse, envers l’Angleterre et la Suède[1], restent en entier. »

Ces engagemens avec l’Angleterre, dont le premier fut signé précisément le jour où Metternich faisait cette déclaration, forment les pièces d’une haute procédure diplomatique qu’il faut suivre de près, les textes sous les yeux.

Les plénipotentiaires anglais étaient à Reichenbach depuis les derniers jours de mai. C’est avec les Prussiens qu’ils s’abouchèrent d’abord. Ils refusèrent de verser une livre sterling avant que les Prussiens eussent reconnu les droits de la maison de Hanovre et consenti à l’abandon des territoires destinés à l’accroissement du futur royaume de Hanovre, l’évêché de

  1. Suède et Russie, 5 avril, 15 juin 1812 ; Suède et Angleterre, 9 mars 1813 : promesse de la Norvège à la Suède.