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quarante-sept titres, dont cent cinquante seulement ne représentent pas des œuvres de langue anglaise. Parmi ces dernières, dont il n’indique d’ailleurs point la nationalité ; il y en a soixante françaises, cinquante allemandes, et quarante pour les autres pays : Italie, Espagne, Suède, Finlande, Danemark, Pologne, Russie, Hongrie, Belgique flamande. Plus d’un lecteur sera sans doute embarrassé par cette longue suite de noms que ne distingue aucune mention spéciale, et, si personne n’ignore dans quelle langue sont écrites les œuvres de Tolstoï ou d’Alexandre Dumas, il n’en va peut-être pas de même pour Mathilda Mailing et Franzos, qui sont Allemands, L. Topelius, qui est Finlandais, et Ingemann, qu’il ne faut pas retirer au Danemark. M. Nield aurait bien dû épargner au lecteur des recherches fastidieuses ou d’inévitables méprises. Mais c’est ainsi, hélas ! qu’on entend les livres « pratiques » en Angleterre.

La littérature européenne tout entière ne fournissant guère qu’un dixième de la masse des romans historiques où l’Angleterre figure pour les neuf dixièmes, nous sommes pris d’un doute devant de telles proportions ; nous examinons alors d’un peu plus près cet inventaire, et nous sommes frappés de quelques traits : Alexandre Dumas, à qui on fait la part très grosse dans notre littérature, est représenté par vingt-deux romans, mais M. Everett Green en a vingt et M. G. A. Henty vingt-huit ; tandis qu’on ne mentionne ni Sous la Hache, de M. Élémir Bourges, ni Hassan le Janissaire, de M. Léon Cahun, ni Autour d’une tiare, de M. Emile Gebhart, ni la Chanoinesse, de M. André Theuriet, on nous invite à lire dix-sept romans de Mme Emma Marshall ; et on nous laisse vainement chercher pourquoi la Force, la Ruse, l’Enfant d’Austerlitz, de M. Paul Adam, ne sont pas des romans historiques, alors que l’Ile des Trésors, de H. L. Stevenson, en est un. Le romancier danois Ingemann, qui a composé un cycle national de romans du moyen âge, est représenté par un seul ouvrage, alors que ni l’Enfance d’Erik, traduite en français depuis 1843, ni le Roi Erik et les Bannis, ni bien d’autres, ne sont cités. Voilà comment on fausse fâcheusement les proportions dans un ouvrage de littérature comparée. Si M. Nield se borne à telle ou telle œuvre parce qu’elle est traduite en anglais, qu’il nous le dise, et qu’il déclare ouvertement son dessein tout pratique et tout anglais, au lieu de nous laisser entendre, comme il le fait dans son Introduction, qu’il vise à dresser la bibliographie d’un genre. « Je pense que beaucoup seront surpris de voir dans quelle large mesure nos meilleurs écrivains (anglais et américains) ont abordé le domaine du roman historique. » Cette