Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 22.djvu/210

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

élevés de l’ensemble s’élève d’une période à l’autre : au début, et pendant l’immense durée des temps cambrien et silurien, le premier rang est dévolu à ces crustacés, dits trilobites, auxquels déjà nous avons eu à faire allusion ; à la période dévonienne, cette forme animale, qui persiste cependant, s’efface devant les poissons représentés tout à coup avec un grand luxe de formes, mais réduits à se tenir cependant dans certains types peu nombreux si on les compare à ceux de l’ichthyologie plus récente ; c’est pendant les temps permiens que les batraciens s’affirment comme la manifestation la plus perfectionnée de l’animalité, et peu après, à l’époque triasique, les reptiles commencent la merveilleuse série qui doit atteindre son apogée vers les confins mutuels des époques jurassique et crétacée. Alors, ces animaux sont vraiment les « rois de la création ; » par la taille comme par la variété de leurs formes, ils se prêtent à tous les habitats et nulle qualification ne leur va moins que celle de reptiles, si justement infligée, au contraire, à leurs représentans actuels, profondément dégénérés. En plein terrain jurassique commencent les oiseaux ; mais c’est au début des temps tertiaires que ce groupe zoologique parvient à son apogée, qui dure jusqu’en des temps bien voisins de nous, et alors se montrent ces énormes animaux que les environs de Meudon et de Reims, les cavernes de Madagascar et celles de la Nouvelle-Zélande, nous ont révélés. Enfin, les mammifères, déjà ébauchés, pour ainsi dire, à l’aurore des temps secondaires, comme en un essai malheureux auquel la nature n’a pas donné suite longtemps, atteignent, pendant la période tertiaire, un état comparable à celui que nous avons noté pour les reptiles, et quand, à leur tour, ils subissent un effacement relatif, c’est précisément pour abandonner le premier rang à l’espèce humaine.

Cette série d’apparitions, si bien connue de tout le monde et dont on aurait le symétrique pour les formes végétales, méritait d’être rappelée, car elle a, à notre point de vue, une signification qu’il importe de souligner.

D’un côté, la correspondance mutuelle des diverses époques au point de vue des manifestations biologiques, — la présence simultanée d’une faune et d’une flore, l’existence constante d’animaux marins vivant les uns sur les lignes littorales, d’autres dans les profondeurs, etc., — témoigne, mieux que bien d’autres faits, de l’analogie réciproque des temps successifs en ce qui