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consistent, les unes en carapaces de diatomées, accumulées par milliards, les autres en amoncellemens de coquilles de foraminifères ou de radiolaires.

Parfois, ces vestiges ne subsistent pas à la place même où vivaient les êtres d’où ils proviennent, et des charriages les ont concentrés en quelque localité d’élection : c’est ainsi que se sont formés les amas de coquillages exploités parfois comme engrais, et de vrais ossuaires dans lesquels des cétacés, comme à Anvers, ou des mammifères terrestres, comme à Pikermi, ont mélangé leurs innombrables débris.

Dans tous les cas, les plantes et les bêtes, en vertu de leurs propriétés particulières, ont réagi sur le milieu général pour en extraire la substance de nouvelles formations qui, sans eux, n’auraient point été constituées. Le polypier sait extraire de l’eau de la mer la matière pierreuse de sa charpente calcaire, comme la plante verte, par l’exercice de la fonction chlorophyllienne, sait provoquer, entre les élémens de l’eau et ceux de l’acide carbonique, une réaction dont l’un des produits est la cellulose, capable de se transformer par macération souterraine dans les différens termes de la série des charbons fossiles. Dans les deux cas, la force biologique intervient d’une façon directe et évidente, et l’économie de la terre est réglée maintenant de telle sorte que l’intervention de cette force est nécessaire au maintien de l’équilibre réalisé.

C’est pour cela que, chacun des groupes botanique et zoologique ayant sa partie spéciale à remplir dans l’ensemble, on voit, à chaque moment de l’histoire géologique, des formes correspondantes de plantes et d’animaux se succéder sans lacunes. Cette remarque donne, même toute sa valeur au rôle de la force biologique dans la physiologie tellurique. On constate de nouveau ici que les périodes qui ont précédé la nôtre ont eu, comme celle-ci, leur faune et leur flore, et, par les vestiges qui nous en sont parvenus en abondance, on peut juger que les êtres organisés s’y sont comportés comme ils se comportent aujourd’hui.

Toutefois, la correspondance d’une période à une autre s’associe avec la manifestation d’un perfectionnement organique général qui n’est pas douteux et avec une prédominance très inégale de certains groupes, qui doit avoir une signification supérieure. Malgré la présence dans chaque faune d’animaux très divers, le degré de perfectionnement des membres les plus