Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 22.djvu/189

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à l’évolution de la surface terrestre. Les recouvremens souterrains dont nous parlions, réalisés sur les lignes de failles et continués progressivement, à coups de tremblemens de terre, physiologiques eux aussi comme les éruptions volcaniques, poussent à des altitudes variées des masses rocheuses devenues des sommets montagneux et désormais soumises aux atteintes de toutes les intempéries. Leur substance désagrégée est l’étoffe même de nouveaux sédimens qui vont combler dans les bas-fonds océaniques les dépressions causées justement par les poussées qu’elles ont subies. Et c’est là une forme, entre beaucoup d’autres, des phénomènes évolutifs que nous pouvons rattacher à la fonction corticale, c’est-à-dire à l’ensemble des réactions dévolues à l’épiderme du globe, mince, assez flexible, très fragile pourtant, et qui doit à chaque instant s’accommoder des varia-lions d’ampleur du noyau qu’il enserre.

C’est une des découvertes les plus frappantes de la géologie que l’âge très divers des chaînes de montagnes et que les traits de leur distribution relative dans les grands blocs continentaux. On peut résumer en deux mots cette distribution en disant que les ridemens orogéniques sont approximativement parallèles entre eux et qu’ils se sont produits successivement de plus en plus loin d’un point qu’on doit regarder comme le pôle du phénomène.

Dans le massif continental représentant le vieux monde et qui consiste dans l’union de l’Eurasie avec l’Afrique, on constate que, dès les périodes sédimentaires les plus anciennes, un soulèvement, dit archéen, s’était fait dans les régions de l’Extrême-Nord et que, successivement, les chaînes se firent ensuite de plus en plus au Sud : pendant les temps siluriens, sous la forme des Grampians et des Alpes Scandinaves, à la fin de l’ère primaire, sous la forme des monts de Bretagne, des Vosges, des Sudètes et de l’Oural, vers les temps tertiaires, sous la forme des Pyrénées, des Alpes, des Carpathes, du Caucase et de l’Himalaya, enfin, en des temps tout voisins de nous, sous la forme de l’Atlas, de l’Apennin, des îles de l’Archipel et des reliefs de l’Asie Mineure.

Dans le massif continental constituant les Amériques, on reconnaît que les rides orogéniques sont, en général, parallèles à l’axe du continent et que les plus anciennes sont à l’Est pendant que les plus récentes sont à l’Ouest. Au temps archéen se fit la