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Comme conséquence de la perte de matière, subie par le sous-sol en raison des faits précédens, il faut nécessairement admettre des déplacemens dans les élémens restans, des arrangemens nouveaux qui, à leur tour, deviennent les moteurs d’actions nouvelles. Et, parmi celles-ci, on pourrait en mentionner qui, au lieu de faire éprouver au terrain déjà constitué une simple soustraction de substance, y réalisent la substitution, aux élémens arrachés, d’élémens de nature différente.

Voici une disposition bien souvent réalisée : des assises de roches diverses contiennent de petits grains d’un minéral jaune d’or fort commun et connu de tout le monde sous le nom de pyrite de fer. Des eaux de pluie pénètrent dans le sol et, par l’air qu’elles ont dissous en traversant l’atmosphère, attaquent ce composé métallique. Elles en font du sulfate de fer qui, en quantité aussi faible qu’on voudra, s’en ira au fil des courans souterrains jusqu’à la rencontre de points où une raison spéciale le contraindra à se fixer. Cette raison, ce sera d’habitude la présence de particules calcaires, et à ce titre le phénomène se rattache directement à celui que nous avons déjà décrit. Le fer sera alors immobilisé et il s’accumulera peu à peu de façon à constituer avec le temps tout un gisement métallique. Même si la solution ferrugineuse était diluée au point de ne révéler son métal qu’aux prix d’une analyse délicate, elle procédera à l’enrichissement progressif du gîte considéré et c’est le secret de bien des formations singulières au point de vue minéralogique. Tout récemment, au cours des travaux relatifs au chemin de fer métropolitain, on s’est trouvé en présence, sous la place de la Concorde, d’un amas volumineux de minerai de manganèse, entièrement constitué par la circulation, continuée pendant des siècles, d’eaux très faiblement manganésifères, au contact de roches précipitantes convenables.

Il était nécessaire d’insister sur ce sujet, car il nous prépare à reconnaître l’une des particularités les plus notables de cette activité souterraine : c’est qu’avec le temps, elle peut remanier la substance d’une formation donnée, au point de ne rien laisser subsister des élémens originels, si bien que rien dans la roche n’est plus de l’âge de son dépôt.

Il faudra y revenir plus loin ; pour le moment, faisons remarquer que, si l’on se pénètre bien des conditions exigées par les phénomènes précédens, on sera tout à fait préparé à reconnaître