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moment. On ne peut pas ne pas être frappé de la modicité de la dépense, comparée à la grandeur des résultats. Le Japon a une armée de 520 000 hommes, dont 340 000 forment le contingent actif mobilisé. Sa flotte, composée de bâtimens de premier ordre, montée par 35 000 matelots, pourvue des meilleurs types d’armement, comprend 8 cuirassés, 6 croiseurs cuirassés, 16 croiseurs protégés, 75 torpilleurs et 19 contre-torpilleurs. L’entretien de pareils effectifs sur terre et sur mer, chez n’importe quelle nation européenne, exigerait des sommes infiniment supérieures à celles que dépense le Japon : on ne s’explique cet écart que par le bas de prix de la vie, la sobriété du peuple qui fournit les soldats et les marins, et aussi la sévérité d’une administration soigneuse et économe.

La dette japonaise, dont on a dit un peu légèrement qu’elle était excessive, ne dépassait pas, au début des hostilités, 1 400 millions de francs, et se compose de divers types 4 et 5 pour 100 : une partie seulement de cette dette est extérieure, c’est-à-dire payable en monnaie étrangère, et se négocie sur le marché de Londres. Le Japon a, jusqu’à ce jour, fait honneur à ses engagemens et payé régulièrement les intérêts et l’amortissement de ses emprunts ; plusieurs de ceux-ci ont même déjà été remboursés : c’est ainsi que des types 6 et 7 pour 100, autrefois mis en circulation, avaient disparu de la cote. Les emprunts des autorités locales, préfectures, districts, villes, bourgs et villages, associations, ne dépassent guère une centaine de millions de francs.

La circulation fiduciaire, qui constitue un élément important de la vie financière d’un pays, a été réglée au Japon, comme chez la plupart des grandes nations européennes, par l’institution d’un établissement unique, la Banque du Japon, qui a le monopole de l’émission des billets. Fondée en 1882, elle a aujourd’hui un capital, entièrement versé, de 30 millions de yen ; elle crée des billets jusqu’à concurrence de son stock métallique ; au-delà du chiffre de ce stock, elle peut encore en créer pour 120 millions de yen, à la condition qu’ils soient gagés par des rentes sur l’Etat, des bons du Trésor, ou un portefeuille commercial. Toute la circulation qui dépasse le montant ainsi fixé est sujette à un impôt d’au moins 5 pour 100. Au 31 décembre 1903, la Banque du Japon avait émis pour 233 millions de yen de billets, qui non seulement circulaient dans l’Empire, mais déjà alors