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autant de fer forgé qu’il y a trente ans (plus de 6 millions de tonnes en 1902). Remarquons ensuite, que, pour l’instant, — tout semble l’indiquer, — le choix entre les deux procédés en question dépend uniquement des conditions géographiques et économiques de la fabrication : aux États-Unis, — qui, depuis 1890, ont enlevé à l’Angleterre le premier rang pour la production de la fonte et de ses dérivés, — dans les usines les plus récentes, an n’installe que des Martin. Ce qu’on peut affirmer, c’est qu’en 1890, on a fabriqué 12 millions, en 1900, 27 millions, en 1902, plus de 29 millions de tonnes d’aciers de toute provenance ; c’est que, de plus en plus, l’industrie fait appela l’acier pour ses constructions métalliques, ses pièces de machines, la fabrication des cloches, celle des ressorts, outils, socs de charrue, pelles, faux, faucilles, râpes, scies, haches, couteaux, canifs, rasoirs, lancettes, plumes, etc. ; les chemins de fer pour leurs rails, leurs roues de wagons et de machines, etc. ; la Guerre pour ses tubes de canon, frettes, pièces de culasse, affûts, fusils, baïonnettes, sabres, fourreaux, etc. ; la Marine pour ses tôles de chaudières, de construction, ses blindages, ses canons monstres, ses ancres, etc. La Tour Eiffel est en acier ; en acier, le pont Alexandre III ; en acier, les bâtimens gigantesques des dernières Expositions universelles. L’acier est le métal-roi, et c’est la chimie qui la fait roi !

Seulement, comme nous l’avons déjà fait entendre, depuis Mushet, tous les aciers, tous les fers aciéreux sont plus ou moins manganèses : c’est donc un acier nouveau qui règne à la place de l’ancien. De plus, l’emploi des métaux récens appelés aciers spéciaux, celui des aciers moulés, qui se répand de jour en jour, marquera sans doute le début d’une nouvelle évolution de la sidérurgie.

L’addition d’élémens tels que le chrome, le nickel, le molybdène, le vanadium, etc., qui apportent aux propriétés de l’acier des modifications si remarquables, si imprévues et, en même temps, si précieuses au point de vue de la dureté, de la résistance, de la durabilité, etc., est certainement destinée adonner des résultats de plus en plus brillans à mesure que se perfectionnera la fabrication de ces aciers spéciaux. « Un jour viendra, sans doute, où tous ces alliages si variés que l’on doit à l’introduction de la chimie dans la métallurgie, et dont l’ensemble constitue un domaine presque infini dans lequel on n’a fait encore que les premiers pas finiront par posséder des