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à fer étaient nécessairement situées dans les pays montagneux, riches d’ordinaire en minerais, en bois et en chutes d’eau. Mais, du jour où, pour actionner ces mêmes machines, on a su tirer parti de la force motrice de la vapeur, un exode s’est produit : l’emploi de la houille noire devenant avantageux, pour ne pas dire indispensable, ces usines se sont établies au centre ou dans le voisinage des charbonnages auxquels les progrès des moyens de transport permettaient d’amener le minerai à bon marché. Il en a été de même pour presque toutes les usines métallurgiques : seules, celles qui fabriquent des métaux, ou d’une certaine valeur, ou dont l’extraction n’exige que peu de combustible, les usines à or et à plomb, par exemple, ont pu rester dans le voisinage du minerai.

Revenons à la fonte.

A priori, l’on peut prévoir que sa composition doit dépendre de celle des lits de fusion et du plus ou moins de pureté du combustible employé. Mais il faut aussi, comme l’a montré l’expérience, tenir compte d’un autre facteur : l’allure donnée au haut fourneau, c’est-à-dire la température à laquelle il est porté pendant l’opération, température qui dépend, soit de la quantité de charbon consommée, soit de la température de l’air soufflé. Cependant, si différentes les unes des autres que puissent être les fontes, on peut, à la rigueur, les classer comme il suit : 1o les fontes grises ou fontes chaudes, qui correspondent à une allure chaude ; 2o les fontes blanches ou fontes froides, qui se produisent lorsque le haut fourneau prend une allure froide. Grises ou blanches, elles contiennent la même proportion, à peu près de 2 à 5 pour 100 de carbone, entièrement libre dans les premières, combiné au fer dans les secondes, d’où leurs différences de couleur et de structure. Mais, de plus, on rencontre dans toutes un certain nombre d’élémens étrangers : silicium, soufre, phosphore, manganèse, etc., la présence d’un excès de silicium constituant même le caractère chimique essentiel par lequel les fontes chaudes se différencient des froides. Quant à leur prix de revient, il varie, d’ordinaire, entre 45 à 50 francs la tonne.

Les fontes grises, relativement douces et peu dures, fondent franchement au feu, ce qui les rend propres au moulage, tandis que les fontes blanches, plus cassantes, ne se ramollissant que progressivement et restant toujours un peu pâteuses, même à une température élevée, ne peuvent être moulées que mélangées