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par une ouverture convenablement ménagée. Tour à tour, lits de fusion et combustible, entraînés par leur poids, se présentent devant les tuyères et donnent lieu à la répétition des mêmes phénomènes. Enfin, du gueulard s’échappe un mélange inflammable de gaz, les uns (oxyde de carbone, hydrogène, gaz des marais, etc.) combustibles, les autres (azote, gaz carbonique, vapeur d’eau, etc.) non combustibles.

Pour diminuer autant que possible les pertes de chaleur par les parois, on a fait les hauts fourneaux de plus en plus larges, de plus en plus volumineux ; pour avoir une production intensive et, par suite, économique, on les a construits de plus en plus élevés. Aussi, alors qu’au commencement du XIXe siècle, leur hauteur ne dépassait pas quelques mètres, leur capacité 50 à 60 mètres cubes et leur production 15 à 20 tonnes par vingt-quatre heures, aujourd’hui cette hauteur varie entre 25 à 30 mètres, la capacité entre 300 à 400 mètres cubes et la production entre 100 à 200 tonnes. Mais on commence à aller couramment jusqu’à 500 tonnes et on cite même, à Eliza, près de Pittsburg (États-Unis), un de ces appareils qui donne de 700 à 800 tonnes de fonte par 24 heures. Du coup, la production mondiale de la fonte, qui n’était, il y a quarante ans, que de 9 millions de tonnes, est montée, en 1900, à plus de 40 millions de tonnes (41 930 000 en 1902), ce qui correspond à un cube de fonte de 176 mètres de côté environ ! La même année, la France n’entrait dans ce total que pour 2 millions de tonnes à peine (2 400 000 en 1902) ; mais il ne faut pas oublier que notre pays est pauvre en minerais de fer et que sa production houillère n’atteint pas même le vingtième de celle du monde entier.

On conçoit, d’ailleurs, que, le volume et la hauteur des hauts fourneaux augmentant sans cesse, on ait dû accroître peu à peu la puissance des machines soufflantes qui fournissent l’air injecté par les tuyères. Pour la même raison, le charbon de bois, trop friable et trop coûteux, a dû faire place à un combustible résistant bien, d’abord à la compression, ensuite à la pression de l’air soufflé : ce combustible est, en général, du coke fabriqué dans des fours spéciaux (fours à coke).

Ici, faisons une parenthèse.

A l’origine, alors que nos pères utilisaient, pour leurs machines soufflantes primitives, les forces hydrauliques, c’est-à-dire ce qu’on appelle aujourd’hui la houille blanche, les usines