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De là une évolution, peut-être moins accentuée que celle dont l’industrie chimique a été le théâtre, mais qui n’en mérite pas moins d’être examinée de près et que les pages qui vont suivre, consacrées surtout à la grande, ou plutôt à la grosse industrie métallurgique, ont pour but de mettre en évidence.


I

L’accroissement continu dans la production du fer et de ses dérivés, la fonte et l’acier, accroissement qui frappe tous les jours l’observateur le plus superficiel, s’explique par la facilité avec laquelle ce métal se prête à tous les besoins. Aussi occupe-t-il le premier rang parmi les agens créateurs de la puissance et de la richesse. On l’a dit : « Le fer attire l’or. » La sidérurgie (métallurgie du fer) présente donc un intérêt de tout premier ordre, justifiant la place prépondérante que nous allons lui accorder.

Ce qui rend le fer un métal si précieux, ce n’est pas seulement sa résistance et son prix relativement bas, car, à côté de ces qualités, il a le grave défaut d’être rapidement et facilement altérable. En réalité, sa valeur tient à une extrême et remarquable sensibilité, qui se manifeste comme il suit : incorporons-lui quelques centièmes, moins encore, quelques millièmes d’un corps étranger, carbone, manganèse, chrome, nickel, etc., et nous verrons, du coup, se modifier profondément, non seulement ses qualités mécaniques, et physiques, mais encore certaines de ses propriétés chimiques telles, par exemple, que la durabilité et la résistance aux corrosions qui le menacent sans cesse. De plus, le fer est un corps allotrope, c’est-à-dire qu’il peut exister sous divers états moléculaires caractérisés par des propriétés différentes, et nul doute que cette allotropie ne joue un rôle dans les combinaisons de ce métal avec les élémens que nous venons de citer. On conçoit donc aisément qu’il soit possible de fabriquer avec le fer des produits d’une importance et d’une variété sans égales.

Le traitement qu’on suit aujourd’hui pour l’extraire de ses minerais est, d’ailleurs, en principe, celui que l’on a pratiqué en tout temps et en tout lieu : faire brûler du charbon dans un courant d’air lancé à travers le mélange de ce combustible avec le minerai. Le charbon se transforme alors en oxyde de carbone,