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l’Afrique occidentale. Nous aimons le solide ; il nous faut tout au moins l’apparence du définitif. Nous ressemblons à ces propriétaires qui bâtissent en fortes pierres de taille, et se donnent, ne fût-ce qu’un jour, l’illusion de l’éternité. Notre façade sur l’Afrique du Nord ne peut se comparer aux prodigieux étages de la grandeur anglaise, mais elle se dresse à vingt-quatre heures de Marseille. C’est moins une improvisation coloniale que la reconstruction du vieil édifice élevé par les Romains, nos pères, sur l’autre rive de la Méditerranée. Une fois restauré, aménagé d’une façon moderne, le monument défiera l’injure du temps.

Deux peuples dont la vocation est si différente devraient apprendre à ne pas se froisser. Ce qu’il y a de plus nouveau, dans l’arrangement du 8 avril 1904, c’est la bonne volonté mutuelle dont il témoigne. Dans les rapports des deux nations, l’esprit belliqueux perd du terrain. Après les conflits militaires du XVIIIe siècle et les conflits économiques du XIXe, notre âge verra peut-être des accords équitables. Il suffirait pour cela d’un danger commun qui menacerait la France et l’Angleterre.


RENE MILLET.