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C’est à ce point de vue qu’il faut noter le 4 novembre 1903, date à laquelle le chaland en acier Benoît-Garnier, venu du Niger et monté par le capitaine Lenfant, l’enseigne de vaisseau Delevoye, le maréchal des logis Lahure, jetait l’ancre à l’embouchure du Chari.

Le problème que le capitaine Lenfant avait ainsi résolu occupait les géographes et les explorateurs depuis un demi-siècle. Au cours de son mémorable voyage, Barth, exactement renseigné par les indigènes, l’avait posé avec une grande netteté. Il avait visité la contrée qui se développe au sud du Tchad et représenté l’Adamaoua comme un pays généralement plat, arrosé par des rivières nombreuses et considérables, semé çà et là de chaînes de collines ou de groupes montagneux plus importans. Le groupe principal, écrivait-il, occupe le nord-est de cette province, du côté du Mandara, et, dans le nombre des massifs isolés, le Mendif s’élève peut-être à une hauteur de 5 000 pieds. Un relief paraît séparer le réseau de la Bénoué, qui s’écoule par le Niger vers l’Océan, du bassin du Logone, tributaire du Chari et du Tchad ; mais ce relief, fait d’ondulations et de massifs clairsemés, ne constitue pas un obstacle infranchissable. Un affluent de la Bénoué, le Mayo-Kabi, venant de l’est, le pénètre et semble se relier à la dépression lacustre du Toubouri, formée dans le sol imperméable, à base d’argile, où circulent les affluens occidentaux du Chari.

Vogel, qui longea en partie le Toubouri pendant sa campagne de 1854, reprit le problème avec quelques variantes et, vers la même époque, le savant docteur A. Petermann, s’appuyant sur les descriptions de Barth, conclut, de son cabinet, à l’existence d’une communication temporaire entre les eaux du Logone et celles du Toubouri, réservoir d’une vallée d’écoulement appartenant au système hydrographique du Niger.

Sans refaire ici l’historique des explorations qui eurent pour objet cette recherche, il faut noter que le major Macdonald fit, le premier, une exploration partielle du Kabi en 1891. Arrêté dans sa navigation par les dimensions de son bateau, il admit que ce « mayo » ou rivière se perdait à quelques milles d’un lac nommé Natbarat.

Mizon, qui reliait à cette époque par un itinéraire nouveau la Bénoué à un affluent du Congo, la Sangha, redressa cette erreur, sans pouvoir cependant poursuivre sa reconnaissance du Mayo-Kabi.

Voyageant en sens inverse, M. Casimir Maistre passa du bassin du Logone dans celui de la Bénoué et se tint constamment au sud de la région Toubouri-Kabi ; mais à la suite des découvertes de M. Gentil et au cours des opérations dirigées contre les bandes de Rabah,