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tribu quelconque, le plus souvent à celle des Bouakhar ; mais il est choisi parmi les officiers du corps des msakhrin, qui forment la garde impériale. La première corporation, relevant du Caïd-el-Méchouar, est la hanta des moualin-erroua, gens de l’écurie, esclaves nègres, affectés aux écuries impériales. Ces écuries renferment un grand nombre de chevaux et de mules. Il y en a toujours deux ou trois cents, réunis à la disposition du souverain, et sur lesquels sont prélevés les cadeaux de chevaux, coutumiers au Maroc. Pour le dressage, ces chevaux sont confiés au petit groupe des écuyers, siésa, au nombre d’une dizaine et indifféremment choisis dans toutes les tribus makhzen.

Deux corps de cavalerie, les mchaouris et les msakhrin, sont organisés pour le service du palais. Les premiers, qui sont environ cinq cents, sont recrutés dans toutes les tribus et placés sous les ordres du caïd-el-méchouar ; ils font métier d’estafettes, attendant, au Dar-el-makhzen, les ordres souverains. Les msakhrin sont trois mille et forment la garde impériale. Comme tels, ils ne se séparent point du sultan ; en campagne, ils placent leurs tentes autour du campement chérifien, et, en cas de péril, assurent la sécurité du maître. Chaque tribu makhzen ou quasi-makhzen, y compris les guichs de Tanger et de Larache, doit fournir son contingent de msakhrin, avec un caïd-er-raha pour le commander ; le corps entier a pour chefs directs la réunion de ces caïds-er-raha et relève du seul ministre de la guerre.

Ce sont ces cavaliers d’élite, alignés derrière leurs étendards, qui donnent si grand air aux apparitions chérifiennes. A côté d’eux, dans les grandes occasions, apparaissent les titulaires de certaines charges de cour : les moualin-el-mekhala (gens du fusil), les moualin-essekin (gens du sabre), les moualin-el-frada (gens du pistolet), les moualin-el-mahaffa (gens de la litière) ; qui, recrutés le plus souvent parmi les fils de caïds ou les caïds en disponibilité, forment, sous la direction du caïd el-méchouar, l’escorte immédiate du souverain. Il en est de même du moul-el-meddol qui porte le parasol aux côtés du sultan, et des mzarguia, qui le précèdent avec leurs lances ; ces dernières fonctions sont considérées comme héréditaires dans quelques familles makhzen. Les gens, qui marchent au-devant du sultan, en agitant des mousselines pour chasser les mouches, sont des esclaves nègres, pris dans le hanta des moualin-erroua.

Les fonctionnaires civils affectés au service d’Etat se réunissent