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terre. — Les mêmes opérations effectuées en sens inverse auraient lieu pour la descente d’un train de la voie de terre sur le ferry-boat.

L’évaluation approximative de cet outillage, qui est, on en conviendra, d’une réelle simplicité et dont le fonctionnement régulier paraît présenter de bonnes conditions de sécurité, s’élève environ à un million et demi. C’est un chiffre réellement insignifiant et qui ne saurait arrêter, alors même qu’on ne voudrait faire qu’une simple expérience. À ce chiffre il convient d’ajouter naturellement la dépense nécessaire pour la construction des ferry-boats et du bassin ou du quai dans lequel doit venir accoster le bateau. Mais cette dépense est commune à tous les projets, de quelque nature qu’ils soient, qui ont pour objet d’assurer la communication entre les deux rives du détroit.

Il semble donc que les partisans du tunnel ou du pont aérien, ou même ceux du pont immergé, feraient peut-être sagement de prendre en considération cet expédient provisoire et d’accepter, pour quelque temps du moins, le sacrifice de leurs rêves, quelque séduisans qu’ils puissent être, mais dont la réalisation serait seulement différée.


VIII

Quoi qu’il en soit, on a tous les élémens pour aboutir.

L’Angleterre est la plus grande distributrice de marchandises du monde, et par conséquent elle est très intéressée au perfectionnement des voies par lesquelles s’opère cette distribution. Ses richesses naturelles sont considérées comme inépuisables ; mais la traversée obligatoire de la Manche crée naturellement un sérieux obstacle à l’accroissement de sa production. Il y a cinquante ans à peine, le commerce de l’Angleterre avec l’Asie se faisait presque exclusivement par mer. Dès l’ouverture du canal de Suez, on a abandonné la route du cap de Bonne-Espérance, et les marchandises de l’Inde et de l’Asie, une fois arrivées dans le bassin de la Méditerranée, ont été l’objet d’un triage en vue de leur expédition vers l’Angleterre : les unes, précieuses et d’un poids relativement faible, empruntant les voies ferrées de l’Europe et traversant la Manche ou la mer du Nord, les autres restant acquises à la navigation. Mais la rapidité des communications, qui est la principale déterminante de tous les voyageurs et de beaucoup