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modestes et avec les ressources les plus restreintes, les efforts persévérans d’un seul homme sont parvenus à triompher de l’inertie et de la routine, pour recueillir et classer peu à peu en bon ordre dans les collections municipales tout ce qui peut faire honneur à une ville, éclairer son passé, sauver de la ruine des œuvres ou des monumens jusque-là négligés et non seulement intéresser les habitans au développement de leur musée, mais y attirer des visiteurs étrangers ! A Paris, où tant de distractions intellectuelles de toute sorte sollicitent à l’envi les loisirs de la population, on ne se doute guère de l’extrême pénurie en ressources de ce genre qu’on peut observer dans certaines villes et de l’abandon où s’y trouvent ceux dont les vocations et les aptitudes artistiques très réelles avortent et disparaissent, faute d’être soutenues. Ce serait donc un bienfait que de procurer à tous les musées de France des conservateurs capables de les diriger, et l’École du Louvre est toute désignée pour leur donner l’instruction qui leur permettrait de remplir dignement des fonctions si utiles. Le choix et l’appropriation des locaux, l’entretien, le classement et la bonne conservation des objets qui y sont exposés : peintures, dessins, sculptures, etc., la surveillance qu’ils exigent, les soins prudens que peuvent réclamer leur restauration quand elle est nécessaire, la rédaction des catalogues, et en un mot tout ce qui se rattache à la direction pratique d’un musée, c’est là une étude dont les élémens existent à peine chez nous et dont il serait aussi intéressant qu’opportun de définir, de fixer et de répandre les principes.

Ce n’est que dans un personnel ainsi préparé et pourvu de titres réguliers que devraient être choisis les conservateurs de nos musées. Leur recrutement assuré présenterait pour les richesses artistiques de notre pays et pour eux-mêmes des garanties qui aujourd’hui leur manquent tout à fait et dont plusieurs nominations aussi regrettables qu’imprévues démontreraient, au besoin, la nécessité.

Tout cela mérite qu’on y pense et le Louvre est particulièrement intéressé à ce que toutes les questions qui peuvent influer sur sa prospérité, au lieu d’être résolues au hasard, soient prévues, étudiées et réglées avec la plus vigilante attention. Qu’on songe à tout ce qu’il renferme de trésors accumulés, à la place qu’il tient dans l’éducation du goût national et dans l’instruction de nos artistes. A tous ceux qui le connaissent un commerce