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débouche une des quatre salles du mobilier français, de Louis XIV à Louis XVI, assez malencontreusement installées en cet endroit ; puis viennent les salles de dessins et de pastels auxquelles succèdent la collection des ivoires, celle des objets d’orfèvrerie du culte catholique, celles de la céramique et des bronzes de l’Extrême-Orient ; puis, en retour, la salle réservée aux petits objets provenant de la Chaldée, de la Syrie et de la Phénicie, précédant deux autres salles où ont été placés les monumens de la Perse et de la Susiane, dont les poids énormes ont nécessité des travaux de soutènement fort coûteux, alors que leur place naturelle était au rez-de-chaussée. A côté, par une anomalie assurément peu justifiée, s’ouvrent les salles des bronzes et de la céramique du moyen âge et de la Renaissance, puis les anciens appartemens royaux. Le long du quai et de la cour du Louvre s’étendent parallèlement les collections égyptiennes et celles des vases et des statuettes antiques, pour aboutir au grand Salon des peintures françaises du temps de l’Empire et de la Restauration, suivi lui-même par la salle des Bijoux antiques, la Rotonde et la galerie d’Apollon, et enfin la grande galerie de peinture. Il semble, en vérité, qu’avec un peu plus de prévoyance, il eût été possible, au lieu de ce décousu et de cet enchevêtrement de tous les services, d’étudier et d’adopter un programme plus rationnel, moins fait pour dérouter à chaque instant les visiteurs incapables de se diriger dans un pareil dédale.

Encore si, au milieu de cette confusion, les locaux affectés aux différentes sections du Louvre répondaient à la destination de chacune d’elles ! Malheureusement, et l’habitude est ancienne, les architectes chargés de leur appropriation, au lieu de se préoccuper avant tout de mettre en valeur les richesses artistiques que doivent abriter leurs constructions et de s’effacer devant les chefs-d’œuvre du passé, ne paraissent avoir eu d’autre désir que d’attirer l’attention sur leurs propres travaux. Au Salon Carré, dont Duban a donné les plans, l’ornementation excessive des voussures et les sculptures en ronde bosse de Simart, qui s’y étalent à dix mètres au-dessus du sol, ne sauraient, quel que soit leur mérite, compenser l’insuffisance d’une lumière venant de trop haut et tellement rare qu’il est permis de se demander comment, pendant la plus grande partie de l’hiver, les copistes peuvent voir assez distinctement leurs modèles pour les reproduire avec quelque fidélité. Dans la Salle des États, la décoration