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résolution invitant le gouvernement à effectuer « le transfert des bureaux du ministère des Colonies aux locaux de l’Exposition conformément à la loi du 30 mars 1902. » L’administration des Beaux-Arts et celle des Colonies n’avaient donc plus qu’à s’exécuter, c’est-à-dire à demander le plus tôt possible les crédits, relativement peu importans, nécessaires au déménagement du ministère des Colonies et à répondre ainsi, dans le plus bref délai, non à une simple volonté d’une des deux Chambres, mais, comme l’ont fait observer MM. Aynard et Doumer, aux injonctions formelles de la loi, sans chercher à y apporter aucune modification. Et cependant, depuis plus de cinq mois écoulés, il ne semble pas que, mis en demeure, le gouvernement se soit ému et qu’il s’apprête à réaliser une mesure que réclame depuis si longtemps l’opinion et à laquelle il est obligé par la loi. C’est donc un devoir pour la presse et pour tous ceux qui disposent de quelque influence, de continuer à harceler sans trêve nos gouvernans, car il s’agit d’une question qui intéresse au plus haut point l’honneur de la France et la conservation de ses richesses artistiques.

L’insuffisance des locaux disponibles aurait dû depuis longtemps d’ailleurs hâter la solution que commandent impérieusement les dangers que nous venons de signaler. Qu’on songe, en effet, à la place vraiment peu séante où il a fallu reléguer la collection Thomy-Thiéry, dans des salles situées tout en haut du Louvre, exposées en été à une chaleur torride, nuisible aux peintures, et à la suite de la longue enfilade des pièces occupées par le musée de la Marine. Si le voisinage de ce dernier ne constitue aucune menace pour nos collections artistiques, il n’en est pas moins vrai que, pour lui aussi, son déplacement est depuis longtemps et très justement réclamé, non seulement parce que ce musée n’offre aucun intérêt artistique et que sa présence au Louvre n’est en rien justifiée, mais parce que la superficie qu’il occupe est considérable et qu’elle serait immédiatement utilisée au profit de notre admirable collection de dessins, à peu près inconnue du public. Enfouis presque tous dans des cartons, les meilleurs de ces dessins pourraient être exposés en grand nombre et suivant un ordre méthodique dans ces salles dont l’appropriation serait peu coûteuse. C’est là une satisfaction qui ne saurait être plus longtemps refusée à ceux qui fréquentent le Louvre et qui, à la mort de l’amiral Paris, aurait dû leur être