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Conseil des musées nationaux se préoccupait de cet état de choses, et dans les rapports adressés chaque année par son président au chef de l’État, il ne cessait de signaler le maintien du ministère des Colonies comme une menace perpétuelle pour nos collections nationales et de revendiquer les locaux occupés par lui comme appartenant au Musée du Louvre, en vertu d’un décret non abrogé. De son côté, l’administration des Beaux-Arts appuyait par ses réclamations les instances du Conseil, lors de la discussion des budgets successifs, et quelques députés, défenseurs autorisés de nos richesses artistiques, faisaient voter par la Chambre des résolutions exprimant le vœu de l’évacuation immédiate du pavillon de Flore. Malheureusement ces vœux incessamment renouvelés n’aboutissaient qu’à mettre en évidence l’inertie du gouvernement. La Chambre, comprenant quelle n’obtiendrait jamais de solution tant qu’elle se bornerait à procéder ainsi, votait, le 30 mars 1902, une disposition qui, dans sa pensée, devait être immédiatement suivie d’exécution. L’article 75 de la loi de finance qui porte cette date est, en effet, ainsi conçu : « La totalité des bureaux du ministère des Colonies établis dans le pavillon de Flore sera transférée dans les locaux, aujourd’hui libres, que le commissariat général de l’Exposition de 1900 a occupés à l’angle du quai d’Orsay et de l’avenue Bapp. Aucun des locaux rendus vacans dans le pavillon de Flore ne pourra être affecté à l’installation de bureaux administratifs ou de logemens. Ils demeureront uniquement affectés aux collections des musées du Louvre, selon les termes du décret du 26 juin 1883. »

Cependant aucun crédit n’ayant été voté en même temps que les articles de cette loi, et le ministre des Colonies semblant peu désireux de s’installer dans les locaux du commissariat général de l’Exposition de 1900, l’administration des Beaux-Arts faisait étudier des projets nécessitant des dépenses considérables et plusieurs années de travaux. C’était donc un nouvel ajournement à longue échéance. Mais dans la discussion du budget des Beaux-Arts ouverte à la fin de 1903, le départ du ministère des Colonies a paru s’imposer une fois de plus comme une nécessité immédiate. La Chambre des députés, bien décidée à éviter de nouveaux retards, n’a pas voulu s’engager dans la voie qui lui était indiquée par l’administration des Beaux-Arts et, au lieu d’approuver les projets tendant à l’exécution de nouvelles constructions, elle a, dans sa séance du 28 novembre 1903, voté une