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du Dar-el-makhzen. Les cinq tribus quasi-makhzen du Haouz ne participent pas à tant de complications, ni, du reste, aux faveurs qu’elles impliquent. Elles paient la naïba comme les autres tribus soumises et leur administration n’a rien de particulier. Les Abda, Ahmar, Rahamna, Menahba et Hârbil se distinguent seulement en ce que chacune de ces tribus envoie à Marrakech un contingent de mokhaznis et fournit, en outre, à la cour un petit corps de msakhrin ; le tout est accompagné de deux caïds-er-raha, que le caïd de la tribu choisit généralement parmi ses proches. Ces mokhaznis et ces msakhrin deviennent du coup gens makhzen ; ils se distinguent de leurs contributes, en ce qu’ils sont exemptés d’impôts, et reçoivent la mouna et le rateb.


II

Les contingens fournis par le guich forment le fondement solide de l’autorité chérifienne. Bien que le mot de makhzen soit plus particulièrement appliqué au gouvernement impérial, il est exact de dire qu’il comprend toute la collectivité dominant ainsi l’Empire, depuis le simple mokhazni jusqu’au sultan lui-même. Cette collectivité ne cherche pas à dissimuler l’origine violente, ni l’allure impérieuse de son autorité. Son chef suprême, le sultan, est un chef de guerre en même temps qu’un chérif couronné ; s’il a été porté au pouvoir par le prestige religieux de sa famille et par la baraka dont il est titulaire, c’est la force qui doit le maintenir contre les chorfa rivaux, empressés à faire valoir une baraka concurrente, ou contre les imposteurs, toujours prêts à exploiter la crédulité populaire. C’est accompagné de toute l’armée que le makhzen se déplace périodiquement du nord au sud de l’Empire, entre Fez et Marrakech, suivant la ligne d’étapes traditionnelle de Mékinez et de Rabat ; c’est dans le même appareil guerrier qu’il se dirige, vers les régions excentriques, pour faire manifestation immédiate d’existence sur les points menacés d’agitation. Dans les capitales impériales, le gouvernement ne se mêle pas à la population ; il vit à part dans un Dar-el-makhzen, qui forme le centre de la kasbah.

Le personnel makhzénien se compose d’un double élément : l’un permanent, l’autre temporaire. L’élément permanent est, comme on l’a vu, formé par les tribus de guich. L’élément temporaire