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Galerie d’Apollon. En décembre 1681, le Roi étant venu visiter ces collections, y avait choisi 15 tableaux pour être exposés dans les appartemens de Versailles, qui en contenaient déjà 26. Peu à peu, d’autres emprunts faits au Louvre pour les résidences royales et des prêts accordés à des grands seigneurs avaient dispersé quelques-unes des œuvres faisant partie du Cabinet du Roi, qui, d’autre part, continuait à s’enrichir par des acquisitions successives, notamment, en 1667, par celle d’estampes provenant en grande partie de la collection de l’abbé de Marolles.

Jaloux de s’entourer de tout ce qui pouvait ajouter à la gloire de son nom, Louis XIV concédait aussi plusieurs locaux du Louvre pour servir de lieu de réunion aux diverses académies. L’Académie française obtint, la première, de tenir ses séances d’abord dans l’antichambre du rez-de-chaussée « entre les vieux et les nouveaux appartemens de la Reine, » et plus tard, dans les salles situées à droite du pavillon de l’Horloge et donnant sur la cour. L’Académie des Inscriptions occupait une salle voisine ; celle des Sciences siégeait dans la première antichambre de l’appartement du Roi. Dès 1693, l’Académie de peinture s’était établie dans le Cabinet du Roi, près de la rotonde d’Apollon, et la salle de ses séances décorée de sculptures et de peintures était devenue un véritable musée. Les expositions des membres de cette Académie, qui se faisaient d’abord au Palais-Royal, furent, à partir de 1699, installées dans la grande galerie du Louvre, dont Mansard avait mis la moitié à leur disposition. Les secrétaires perpétuels de ces différentes académies étaient également logés au Louvre, et, plus tard, les appartemens des entresols situés au-dessous de la Grande Galerie furent concédés à des artistes et à des savans. Peu à peu, comme il devait arriver, ces logemens très recherchés furent envahis par des hôtes de conditions très diverses, dont les droits à un tel privilège étaient plus ou moins justifiés. La bonne tenue du palais se ressentait d’une pareille cohabitation ; ses abords étaient sales et encombrés ; on jetait les ordures par les fenêtres, « sans avoir toujours le soin d’avertir les passans, » nous dit l’architecte Soufflot.

Cependant, sous Louis XV, les collections royales continuaient à s’accroître, grâce aux commandes faites à nos artistes et à l’achat de plusieurs collections, principalement de celle du prince de Carignan, dont la vente eut lieu le 18 juin 1743. Dès 1750, le Roi permettait que la plupart des tableaux, disséminés dans les