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auparavant il descendait plein de gaieté, pour aller à l’Arsenal rendre visite à Sully. Sous Louis XIII, l’imprimerie royale était établie au Louvre, ainsi que la Monnaie placée alors sous la direction du graveur Warin, et Richelieu confiait à l’architecte Le Mercier, digne continuateur de Philibert Delorme et d’Androuet du Cerceau, la construction du pavillon de l’Horloge : Mais le cabinet des peintures du Roi, qui d’ailleurs n’avait pas reçu grand accroissement depuis François Ier, demeurait à Fontainebleau, et c’est dans le Trésor des Merveilles de cette résidence que le Père Dan nous donne, en 1642, la liste des 47 tableaux qui lui paraissaient les plus remarquables de cette collection.

Le Louvre, sous Louis XIV, fut l’objet de nombreux remaniemens et, de 1667 à 1674, Perrault y construisait la Colonnade. En même temps, le cabinet du Roi s’enrichissait de plus de 1 800 tableaux provenant, pour la plupart, de la galerie formée en Angleterre par Charles Ier et dont la collection des ducs de Mantoue faisait le principal fonds. On y voyait, entre autres, l’Antiope et les deux détrempes du Corrège ; le Parnasse et la Sagesse victorieuse des Vices de Mantegna, la Vierge et l’enfant Jésus, la Mise au tombeau, Jupiter et Antiope, et plusieurs portraits du Titien ; le Saint Jean-Baptiste de Léonard, le Triomphe de la chasteté du Pérugin, etc.[1].

Après la mort de Charles Ier, le financier Jabach avait acheté la plus grande partie de ses collections ; mais, tombé en faillite à la suite de ses excessives dépenses, il était obligé de céder successivement au cardinal Mazarin, puis à Louis XIV, tout ce qu’il possédait d’œuvres d’art et d’objets précieux. Colbert avait pu reconstituer le magnifique ensemble qu’avait formé Jabach, en acquérant de lui non seulement les 101 tableaux qui lui restaient, mais les beaux dessins, au nombre de 5 542, dont la réunion était alors unique, pour la somme minime de 200 000 livres, et en se faisant ensuite céder par les héritiers de Mazarin les collections du Cardinal. D’autres achats faits en Italie et dans les Flandres permettaient d’y joindre des ouvrages de maîtres qui n’étaient pas encore représentés dans le Cabinet du Roi. Le tout fut installé par les soins de Le Brun « au vieux Louvre, dans des salles fort hautes, dont quelques-unes ont plus de 50 pieds de longueur, à côté de la superbe galerie, appelée

  1. Voir l’introduction du Catalogue des Écoles d’Italie, par F. Villot, 1853.