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aujourd’hui. C’est avec une entière liberté d’esprit que je l’entreprends, cherchant de mon mieux à n’y mêler aucune question de personne, n’ayant, est-il besoin de le dire, d’autre désir que de servir, en quelque manière, les intérêts de notre musée national. A côté de critiques trop nombreuses et trop justifiées, je m’appliquerai à signaler aussi les améliorations qui, en ces derniers temps, ont été réalisées. S’il a été commis des erreurs irréparables, je serais heureux d’indiquer quelles fautes pourraient être atténuées ou évitées à l’avenir.


I

La richesse des collections du Louvre vient de ce qu’elles ont été anciennement formées. Alors que, sauf en Italie et en Espagne, les princes ou les souverains des autres pays de l’Europe ne songeaient pas encore à s’entourer d’œuvres d’art, les rois de France considéraient que c’était là un luxe intelligent qui pouvait puissamment contribuer à l’éclat de leur règne. Une histoire succincte du palais et du musée du Louvre mettra nos lecteurs à même de suivre à la fois les principales transformations qu’a subies ce palais, et l’accroissement graduel des collections qu’il renferme. Récemment d’ailleurs, grâce à l’initiative de M. Kæmpfen, directeur honoraire des Musées nationaux, de courtes notices, rédigées par lui et exposées dans chacune des salles du Louvre, indiquent la date de leur construction, les modifications qu’elles ont pu recevoir et les diverses destinations qui leur ont été tour à tour assignées.

Comme l’a dit, avec raison, M. Alfred Babeau, dans un livre excellent auquel nous empruntons la plupart des élémens de ce résumé[1] : « Le Louvre a été successivement un château fort, un palais, une réunion d’académies et un musée. » Choisi de bonne heure pour servir de résidence royale, sa situation au bord de la Seine présentait tous les avantages d’une défense facile et tout le charme d’un séjour agréable. Des travaux récens, entrepris au pied de la façade qui regarde Saint-Germain-l’Auxerrois, ont mis à découvert le fossé qui entourait l’édifice primitif, et une miniature des Grandes Heures du duc de Berry (Bibliothèque de Chantilly) nous montre l’ensemble imposant qu’offraient, dès

  1. Le Louvre et son histoire, 1 vol. in-8o ; Firmin Didot, 1895.