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LE
MUSÉE DU LOUVRE

Le palais du Louvre est un des monumens les plus remarquables de notre architecture française. Il témoigne du goût de nos rois et du talent de nos artistes, et son importance comme sa beauté n’ont d’équivalent dans aucun pays. Mais ce palais n’a pas été fait pour la destination qu’il a reçue et si les richesses artistiques qui y sont amassées ont une valeur inappréciable, d’autres musées, de construction plus récente, mettent mieux en lumière et dans un meilleur ordre les collections qu’ils contiennent.

Un grand nombre des défauts d’appropriation du Louvre résultent, il est vrai, de l’édifice lui-même ; mais il semble que, de longue date, on ait pris à tâche d’aggraver ce vice originel par le manque absolu de prévoyance et de vues d’ensemble qui fait aujourd’hui de notre musée national un chaos inextricable où l’étranger a grand’peine à se retrouver. Il y a dans cette situation, si peu qu’on y arrête sa pensée, un indice manifeste de l’esprit d’anarchie qui règne dans un pays dont les besoins d’ordre et de méthode étaient autrefois réputés.

Depuis plus de quarante ans que j’ai commencé à visiter les musées de l’Europe, l’absence de direction et de suite dans la façon dont le Louvre a été administré m’a toujours frappé davantage au retour de chacune de mes pérégrinations et plus d’une fois déjà, j’ai songé à m’occuper de l’étude que j’aborde