Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 21.djvu/573

Cette page a été validée par deux contributeurs.
567
UN PEINTRE AU JAPON.

Japon, la botanique, la géologie, etc., sont enseignées selon les méthodes les plus avancées. Des travaux connus jusqu’en Europe prouvent déjà que les Japonais ont à un haut degré le goût de l’histoire naturelle. Il se manifeste de bonne heure. Hearn cite un écolier de seize ans qui a rassemblé et classé plus de deux cents variétés d’algues marines ; un autre, du même âge, peut, sans références et sans omission, dresser la liste scientifique de tous les papillons de la contrée. La physiologie des plantes et la nature des tissus végétaux sont étudiés à Matsue sous d’excellens microscopes et dans leurs rapports avec la chimie. À intervalles réguliers, chaque professeur emmène sa classe à la campagne et lui fait tirer des exemples du sol même. L’agriculture, enseignée par un agrégé de la fameuse école spéciale de Sapporo, est pratiquement appliquée sur des fermes acquises dans un dessein purement éducatif. Les cours de géologie sont complétés par des visites à la montagne, au lac, aux falaises où les étudians peuvent se familiariser avec les formes de stratification et l’histoire visible des roches. Tous les environs se trouvent étudiés ainsi physiographiquement.

Pour les étudians les plus robustes, on organise des congés spéciaux impliquant de longs voyages à pied vers des sites célèbres. Les camarades sortent de la ville en bon ordre militaire, accompagnés de quelques-uns de leurs maîtres. La sandale de paille étroitement attachée au pied nu laisse leur marche parfaitement libre. Ils dorment la nuit dans les temples et préparent leurs repas en plein air.

Les plus jeunes apprennent aussi à marcher en mesure. Le maître qui les conduit entonne un à un les vers d’un chant héroïque qu’ils répètent après lui, et la gravité d’une classe de petits garçons en kimono, en sandales et nu-tête, obéissant des pieds et de la voix à un maître en habit japonais est le plus amusant des spectacles. L’attention et le respect avec lesquels les élèves reçoivent tous les genres d’enseignement seront mieux compris quand on aura vu combien l’Empereur lui-même, par l’entremise du ministère de l’Instruction publique, veille à entretenir ces sentimens dans les écoles. À la date du treizième jour du dixième mois de la vingt-troisième année de Meiji par exemple, maîtres et professeurs se réunirent en grand cérémonial pour entendre les paroles impériales, sur l’éducation ; en voici le résumé. L’Empereur rappelle que les ancêtres de sa maison ont établi leur