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LA CRISE INTÉRIEURE
APRÈS SADOWA


I

L’affaiblissement de la suprématie extérieure de l’Empire n’était pas compensé par la prospérité de son régime intérieur. Il était loin de s’effondrer et reposait encore sur une base solide, mais il se lézardait. Il n’y avait plus assez de contrainte pour obliger au silence, et il y en avait assez pour permettre de crier à l’oppression. Les vieilles tentes étaient levées, les nouvelles n’étaient pas encore plantées ; les autoritaires se plaignaient d’être désarmés, les libéraux de n’être pas affranchis ; le désir des nouveautés était d’autant plus impatient qu’il avait été excité sans être satisfait. Les amis ressentaient le malaise et le signalaient tristement. Mérimée écrivait : « Nous sommes malades à l’intérieur, nous ne sommes pas gouvernés. Les préfets ne reçoivent pas de direction. Les uns se font capucins parce qu’ils croient faire ainsi leur cour ; d’autres inclinent vers le libéralisme outré parce qu’ils s’imaginent que l’avenir est ! à. La plupart font les morts pour demeurer bien avec tout le monde. Il faudrait ou résister énergiquement ou bien faire à temps quelques concessions utiles, mais on attend et on ne fait rien. »

Dans cette attente, les ressorts du gouvernement se détendaient ou se faussaient ! La candidature officielle n’était trop souvent qu’un moyen de favoritisme. Le régime discrétionnaire de la