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marchandises embarquées et débarquées a passé de 839 816 à 5 194 875 tonnes métriques, il a sextuplé. L’accroissement a été continu et régulier, sauf en 1901, année de grèves à Gênes comme à Marseille, et en 1892-93, années de crise commerciale en Italie[1]. L’exportation a relativement plus gagné que l’importation : de 1870 à 1902, la valeur de l’importation s’est élevée de 260 à 583 millions de lires ; celle de l’exportation, de 105 à 276 millions.

Marseille, dans la même période de temps, a vu sans doute augmenter très fortement le chiffre d’affaires de son port, mais son avantage sur son rival génois n’a guère cessé de diminuer, à partir de l’année 1880 notamment. En 1875, le mouvement commercial du port de Marseille dépassait celui de Gênes de 2 355 454 tonnes de marchandises : en 1880, de 3 062 497 tonnes. L’avance de Marseille n’est plus en 1885 que de 2 396 354 tonnes, en 1895 de 1 063 374 tonnes, et en 1902, de 690 428 tonnes. Dans l’ensemble, de 1870 à 1902, le mouvement maritime de Marseille (cabotage exclu) n’augmentait que de 3 531 726 à 9 463 872 tonneaux de jauge de navires, soit 167 pour 100, au lieu de quadrupler comme à Gênes ; le mouvement commercial (cabotage compris) n’augmentait que de 2 665 324 à 5 885 303 tonnes de marchandises, soit 120 pour 100, au lieu de sextupler comme à Gênes[2]. Si, actuellement, le mouvement du port de Marseille continue d’être supérieur à celui du port de Gênes, l’écart diminue d’année en année ; et comme l’augmentation annuelle du trafic ne dépasse plus depuis longtemps 1 pour 100 à Marseille, tandis qu’à Gênes elle a atteint 4 pour 100 en moyenne dans les cinq dernières années et 7 pour 100 de 1901 à 1902, il est clair

  1. Il est assez malaisé d’obtenir à Gênes des chiffres concordans sur le mouvement maritime et commercial du port : les chiffres donnés par la municipalité diffèrent de ceux de la Chambre de commerce, ceux-ci diffèrent de ceux de la douane. Nous avons pris, comme le font les rapports consulaires, les chiffres fournis par les statistiques municipales. Il est à noter que toutes les statistiques génoises comprennent à l’entrée et à la sortie le chiffre des marchandises de toute nature destinées à l’approvisionnement et au ravitaillement des navires, ce qui n’est pas le cas pour les statistiques marseillaises.
  2. Les Ports maritimes en France, t. VII, Marseille. Paris, 1899. — Situation industrielle de Marseille, publication annuelle de la Chambre de commerce. — Cf. le Projet de loi relatif à l’établissement des zones franches dans les ports maritimes. Chambre des députés, n° 884, annexe XVI. — En 1903, d’après les statistiques qui viennent d’être publiées, le mouvement commercial aurait atteint le chiffre de 6 636 410 tonnes de marchandises à Marseille (cabotage compris), et celui de 3 652 158 tonnes à Gênes.