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construit ; les travaux doivent commencer incessamment, ils dureront cinq ans, et coûteront 45 millions, ce qui portera au joli chiffre de 125 millions la somme totale dépensée pour le port de Gênes en un peu plus de trente ans. Dès à présent, d’ailleurs, le port de Gênes est assez près d’égaler, au point de vue technique, celui de Marseille : si son outillage est moins parfait et le développement utilisable de ses quais moins considérable, il l’emporte pour l’étendue de la surface d’eau comme pour le développement de ses voies ferrées[1]. Que sera-ce dans cinq ans, quand les nouveaux travaux seront achevés ?


II

Nos voisins italiens ont donc donné un remarquable témoignage d’initiative et d’énergie en développant aussi rapidement et largement leur grand port méditerranéen. Ils ne sont pas tombés dans la faute que nous avons commise en France, et qui a été de répartir, d’éparpiller chaque année à droite et à gauche les gros crédits affectés aux ports marchands, de manière à créer, contre toute logique, un très grand nombre de ports maritimes dont aucun, disent les techniciens, n’est tout à fait satisfaisant, et dont plusieurs sont éternellement vides : voyez Calais. Convaincus de cette vérité pratique que c’est le commerce qui fait les ports et non pas les ports qui créent le commerce, les Italiens ont préféré avoir un petit nombre de ports bien outillés et vraiment capables de remplir le rôle que leur assigne leur situation ; ils ont fait porter le gros de leurs efforts sur un seul point à la fois, et leurs efforts ont été récompensés par les extraordinaires progrès maritimes et commerciaux du port de Gênes depuis vingt-cinq ou trente ans. De 1870 à 1902, le tonnage d’entrée et de sortie des navires a passé de 2 823 819 à 10 969 573 tonneaux de jauge nette, il a presque quadruplé. De 1875 à 1902, le tonnage des

  1. La surface d’eau du port de Gênes, avant-port compris, est de 222 hectares : celle du port de Marseille, avant-port compris, n’est que de 150 hectares. Les quais utilisables pour les opérations de chargement et déchargement ont une longueur de 8 600 mètres à Gênes, et de 12 200 mètres à Marseille. Gênes possède 67 appareils hydrauliques ou mécaniques de chargement, contre 117 à Marseille, et 48 kilomètres de voies ferrées, contre 42 kil. 300 à Marseille. (Tous ces chiffres sont afférens à 1900-1901.) Le futur bassin de la Pinède ajoutera à Marseille 30 hectares de surface d’eau et 2 780 mètres de quais ; le nouveau bassin, à Gênes, mesurera 39 hectares de surface d’eau et 1 330 mètres de quais.