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survenu quelques difficultés à loccasion de ta dot. car je ne voulois pas quelle fut remboursable quavec un bien fonds[1] ; et c’est sur quoi ton papa a consenti ou pour mieux dire a prévenu mon intention, le notaire navoit pas levé cette difficulté et je lui en témoignai mon étonnement lorsqu’il me lut, à mon arrivée a paris, les conditions du contrat, maintenant je nen prévois plus de cette nature, je donne aujourdhui a diner a ton papa et au Cit. brunetiere afin de disposer tout de la manière la plus promte et suivant les loix. quand tout sera arrangé j’irai faire un tour à Essonnes et ce pourra être vers la fin de cette semaine, alors tu t’en reviendrois avec ta maman pour signer le contrat et nous présenter à la municipalité, c’est une question que le Cit. brunetiere nous décidera savoir si le Mariage doit se faire à Essonnes ou à paris.

« je viens de faire partir une voiture de Meubles par la voiture à chaux du Cit. Avard. prie ta maman, de ma part, dy avoir l’œil, ainsi que sur celle que je dois faire partir a ers la fin de la semaine, en cas qu’il ne me fut pas possible d’aller à Essonnes. il est essentiel que la cave au vin ferme bien, car j’y dois faire déposer plusieurs ustencilles de fer qu’il est aisé de détourner, et qui coûtent cher, je la prie aussi de jetter un coup dœil sur le fruitier car c’est là qu’est notre provision d’hyver. tu pourrois aussi y donner ta surveillance car je travaille principalement pour toi qui aimes les pommes.

« je t’embrasse de tout mon cœur, ma tendre amie, tu est le centre ou je rameine tous mes projets de fortune, d’occupation et de plaisir, independament du soin de faire transporter mes meubles dans ta maison, de disposer ici toutes choses pour qua ton arrivée tu naye plus qua passer dans mes bras, de receuillir les anciens bienfaits dont je jouissois avant la révolution afin de nous assurer les 1ers besoins de la vie (et cette espérance est sur le point de se réaliser car je reviens de remettre la pluspart de mes titres dans les bureaux ou j’ai de bons amis) malgré dis je tous ces embaras qui ont pour but notre bonheur, je m’occupe encore du soin de me procurer les arbres, arbrisseaux et plantes que je dois planter vers la St Martin, afin de gagner une année de jouissance sur l’avenir.

« que Dieu donc comble ton cœur de la même joye dont

  1. Cela s’explique, puisqu’on usait, dans une grande mesure, des assignats, à cette époque.