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moi et moi de lui, par sa mauvaise honte ou par la mienne.

« jattends de toi de nouveaux dèdomagemens. je suis aussi empressé que toi, et si je diffère c’est par la crainte de mettre trop de publicité, trouve moi des expédiens et malgré la position des affaires publiques qui ajoutent encore à mon embarras, je ne moccuperai que de ton bonheur et du mien.

« je t’embrasse mon aimable enfant, en attendant le plaisir de te remetti’e moi même la présente, tranquilise ton esprit pour recouvrer ta santé. »


Lettre n° 16. — De Bernardin de Saint-Pierre[1], — sans date ; probablement de mars 1793 ; — inédite.


A la Citoyenne félicité didot
a Paris.


« il mauroit été possible daller voir ce soir ma félicité mais non le théâtre, de la Rue feydeau. ce sera donc partie remise, a demain au soir en revenant du gros caillou.

« je prie ma félicité ’ de remettre à son papa les papies cy joints en le priant de me faire faire réponse demain au soir, ainsi que par raport aux mémoires du menuisier et du serrurier d’Essonnes qu’il voudra bien laisser entre les mains de ma félicité que jembrasse de tout mon cœur.

« mille amitiés à toute la famille. »


Bernardin, au mois d’avril 1793, partit pour Chantilly, avec des membres de la Convention, des savans et des artistes, pour faire l’inventaire de tous les chefs-d’œuvre et de tous les objets rares qui se trouvaient dans le château et qui pouvaient être apportés à Paris. C’est ainsi que l’on transporta au Jardin des Plantes beaucoup de pièces d’histoire naturelle qui étaient à Chantilly. Durant sa mission, Bernardin écrivit souvent à Félicité ; deux de ses lettres ont été publiées par Aimé Martin, qui les a placées après une lettre datée du 31 août 1792 ; nous avons dit[2]

que, suivant un ordre chronologique qui nous paraissait plus juste, il fallait 

reproduire avant elles des lettres qui, selon nous, leur étaient antérieures. Nous ne citerons pas ces deux missives, puisqu’elles

  1. Cette lettre a le n° 47 dans la collection Gélis-Didot.
  2. Voyez p. 364.