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lorsque votre amour est venu rallumer le mien, jai reçu aujourdhui mardi à onze heures du matin votre charmante lettre que vous déviés me remettre dimanche, et que vous mavés envoyée lundi, elle a dissipé ma mélancolie, j’ai pensé que puisque je vous occupois dans vos rêves, vous pensiés aussi a moi étant éveillée, puissai je réaliser le bonheur dont vous vous formés de si douces images ! mon plus doux plaisir est d’y penser, j’ai écrit à Mr Moreau sur le plan de lile une lettre fort détaillée, j’aurois été le voir si mon Rhume opiniâtre navoit pas redoublé, jai beaucoup toussé hier toute la journée, aujourdhui je me trouve mieux, je ne sors point et je prends de la tisanne, afin de mûrir mon Rhume, j’expectore et je respire plus librement, vos lettres hâteront ma guerison. donnés moi un détail de votre rêve a l’occasion de mon ile, il s’y trouvera de bonnes idées à réaliser, je vous exhorte seulement à corriger votre ortographe. vous m’écrives, je vous prie, en grasse, c’est en grâce telle qu’il vous convient d’être.

« adieu ma chère amie, je repondrai plus au long à la prochaine, je vous embrasse de tout mon cœur.

« mille amitiés a vos chers parens. »


Lettre n° 11. — De Bernardin de Saint Pierre[1], — sans indication de lieu, ni de date, mais de Paris, et de novembre 1792. — Elle est adressée à Essonnes, Félicité y étant allée pour quelques jours ; — inédite.


A la Citoyenne félicité didot

a la papeterie

à Essonnes.


« je suis très touché des malheurs de ce bon et infortuné Neuilly[2]. si quelque considération pouvoit tempérer votre douleur, c’est le succès de mes affaires. elles se desnouent insensiblement, de la manière la plus agréable ; je viens d’obtenir une indemnité de 2 mille livres, independament de celle qui est en réquisition, mais votre véritable consolation est dans lexercice même de la vertu d’où émanent toutes les autres je veux dire la charité, après en avoir fait un aprentissage auprès de moi vous en continués les fonctions auprès d’un frère, ou plustot il y

  1. Cette lettre a le n° 43 dans la collection Gélis-Didot.
  2. Il est ici question de Neuilly-Didot, frère de Félicité ; il mourut des blessures qu’il avait reçues à Jemmapes.