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si je croyois que vous puissiez doutter des sentimens que javance jai trop aimé pour cela ce qu’on appelle Sagesse et il ne me falloit pas moin que ce que vous m’inspirez pour me faire passer les bornes prescrites à notre sexce.

« Je trouve toujours mes lettres très éloignées de rendre la force de mes sentimens, et souvent [pour les rendres plus daccorts avec mon cœur, je voudrois en effacer, ces vous qui me paroissent incompatibles avec l’amitié que vous m’inspirez;] mais je voudrois pour cela, mentendre renouveler l’Assurance de l’Attachement que vous mavez témoigné, et être persuadé que la chose ne vous déplaira pas ; ce qu’il vous sera facile de me faire connoitre à Paris soit par écrit soit de vive voie, adieu mon bon ami, c’est toujours avec peine que je trace ce mot je desirois n’être jamais dans ce cas, ce serait pour moi le comble du bonheur, je vous embrasse de toute mon Ame, et malgré mes foibles remors voudrois je vous jure le faire réelment. Votre Amie,

« FÉLICITÉ. »


Ici devrait être placée une lettre de Bernardin[1] , sans date, mais probablement d’octobre 1792 ; nous ne la reproduisons pas, Aimé Martin en ayant publié la plus grande partie, et M. Maury le reste, c’est-à-dire la troisième page du manuscrit. Citons seulement cette phrase, omise par les deux éditeurs : « S’il y a quelque être, sur la terre qui partage ton cœur il n’est pas destiné pour le mien, tu as déjà aimé et tu étois libre alors, tu dois l’être maintenant » ; et ces mots qui expliqueront un passage d’une lettre postérieure : « pourquoi, par exemple, ne me dites vous rien de Thompson Je voudrais savoir quels sont les endroits de ce poëte de la nature qui vous ont fait le plus de plaisir[2]... »


Lettre n° 6. — De Bernardin de Saint-Pierre[3], — sans indication de lieu, ni de date ; mais probablement d’octobre 1792 ; — reproduite en grande partie, mais avec quelques inexactitudes, par M. Maury.


« je vous dois la vérité, comme votre meilleur ami. hier, à la promenade une multitude de groupes se retournaient derrière

  1. Cette lettre porte le n° 7 dans la Correspondance imprimée et dans la collection Gélis-Didot.
  2. C’est de Jacques Thompson, le poète anglais auteur des Saisons, qu’il est ici question.
  3. Cette lettre a le n° 3 dans la collection Gélis-Didot.