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le plus possible nos forces de terre et de mer pour les égaler, s’il se peut, aux dangers qui nous menacent.

Force est donc de demander les améliorations nécessaires peut-être à un meilleur emploi des ressources financières des colonies appelées chaque jour davantage à alléger le fardeau que supporte la métropole pour leur défense ; mais, surtout, à un meilleur emploi, dans la métropole, des disponibilités financières actuelles, s’il est possible, comme nous le pensons, d’obtenir pour le même prix un organisme militaire plus perfectionné, suivant les progrès de nos voisins, et pouvant peut-être les égaler s’il est mieux conçu.

Dans cet ordre d’idées, il est facile de se rendre compte que, puisqu’il n’est pas possible d’augmenter l’appel fait chaque année à la richesse publique, il n’est pas impossible de militariser, plus largement qu’à l’étranger, certains organes de la nation jusqu’à rendre inutiles les organes correspondans de l’armée, et de réaliser, de ce chef, des disponibilités d’argent pouvant être employées au mieux de la défense nationale.

Est-il exagéré de dire que les services géographiques autonomes de chaque ministère, militaire ou colonial, et surtout les services cartographiques pourraient être utilement fondus ensemble ? Est-il interdit de penser que, même dans le ministère de la Guerre seul, le régiment des chemins de fer pourrait être transformé et remplacé par le personnel même des compagnies instruit périodiquement ? Ne pourrait-on pas réduire les dépenses d’administration dans d’énormes proportions en abaissant le nombre des unités victimes des « mutations, » c’est-à-dire en organisant « la permanence des effectifs, » qui permet la réduction des cadres administratifs ? L’organisation du train des équipages répond-elle au développement des chemins de fer ? Les dépenses de la gendarmerie doivent-elles être maintenues au budget de la Guerre ? Le service des subsistances doit-il prévoir également d’immenses approvisionnemens sédentaires et la mobilité de ses ressources ? N’y a-t-il pas en tout cela des économies considérables à réaliser ? Le service de santé doit-il nécessairement être aussi distinct du corps médical civil ? Les Invalides ne peuvent-ils être supprimés ? Enfin, et surtout, n’y aurait-il pas toute une source d’économies considérables dans la fusion des pensions civiles et des pensions militaires, qui, séparées, grèvent aujourd’hui si lourdement notre budget total ?