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fussent engagées entre la France et la Prusse relativement au Grand-Duché. Il n’avait aucun motif de croire qu’un arrangement fixant le sort futur du Grand-Duché eût été conclu, mais il ne pouvait affirmer avec certitude le contraire, ni savoir positivement si, dans le cas où cet arrangement ne serait pas encore intervenu, il ne serait pas imminent. Il ne s’expliqua pas sur les intentions du gouvernement au cas où l’arrangement interviendrait. A la fin seulement il accorda quelque satisfaction aux sentimens excités de l’Assemblée par des phrases ronflantes : « Les gouvernemens confédérés pensent qu’aucune puissance étrangère ne portera atteinte aux droits incontestables des populations et des États de l’Allemagne ; ils espèrent être en mesure de maintenir et de défendre ces droits par voie de négociation pacifique, sans compromettre les relations amicales que l’Allemagne entretient avec ses voisins à la satisfaction des gouvernemens confédérés. Ils pourront se livrer à cet espoir avec d’autant plus d’assurance qu’il sera mieux constaté que nous saurons prouver par nos délibérations l’inébranlable confiance en l’union indissoluble du peuple allemand avec ses gouvernemens et de ses gouvernemens entre eux. » (Vifs applaudissemens.)

Cependant Bismarck ne croyait plus pouvoir braver l’opposition que le Parlement venait de témoigner à une cession à laquelle il ne s’était prêté qu’à la condition qu’elle lui parût imposée par le fait accompli. Le soir même du 1er avril, il fit renouveler ses instances pressantes auprès de Moustier par Göltz afin que la signature, renvoyée au lendemain, fût encore ajournée et fit une démarche dans la même sens auprès du roi des Pays-Bas ; il télégraphia à son ministre à La Haye : « Le roi des Pays-Bas est indépendant et a la liberté de ses actes, mais il en a aussi la responsabilité, et s’il a vu jusqu’à présent dans la transaction qu’il poursuivait une garantie pour la paix, il est de mon devoir de le détromper. »

Aussitôt le roi de Hollande, sans s’informer de ce que fera l’Empereur, rentre sous terre et ne veut plus tenir sa promesse. Il avait suspendu sa signature ; il la refuse : « La condition, dit-il, à laquelle est subordonnée la cession était l’assentiment de la Prusse ; la Prusse refuse cet assentiment, je suis délié. » Et il fit insérer dans la partie non officielle du Staat courant (journal officiel des Pays-Bas), le communiqué suivant : « Au nom de la chancellerie luxembourgeoise, nous sommes priés de démentir