Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 21.djvu/161

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et qui furent le dernier et le plus considérable de ses travaux archéologiques. La relation de Pausanias à la main, il reconstitua peu à peu, avec tous ses accessoires, la carrière où s’exerçait la jeunesse grecque, et, au milieu des palais, des temples, des portiques qu’il remit au jour, ses collaborateurs lui érigèrent un monument « comme au dernier vainqueur des jeux olympiques. »

En 1856, il avait été appelé à la chaire que son maître Otfried Muller avait occupée autrefois à Goettingue, et qui avait passé ensuite à Charles-Frédéric Hermann, « un brave et honnête savant, d’une érudition vaste et massive. » Goettingue lui avait paru d’abord une ville pédante et vieillote. Il s’habitua peu à peu à fermer les yeux sur de petits ridicules, en raison des avantages sérieux qui les compensaient. « Goettingue me devient si cher, écrit-il en 1861, que je tremble à l’idée de le quitter. Il y a bien ici, comme partout, des petitesses, des étroitesses ; mais on y trouve, en somme, tout ce qu’un homme peut souhaiter dans la vie. On y jouit d’une liberté exquise ; on est compris, encouragé, soutenu ; on est déchargé des soins de l’existence quotidienne ; on est en rapport avec toutes les régions de la patrie allemande, et les environs immédiats offrent des retraites champêtres où l’on se délasse de l’écrivasserie. » Et, deux ans après, quand Lepsius lui parle de la possibilité d’un retour à Berlin, il répond : « Les indications que vous voulez bien me donner me font en ce moment. une étrange impression. Quel homme, qui ne serait pas voué par sa fonction à une activité toute matérielle, voudrait échanger un terrain neutre et intime comme notre Goettingue contre Berlin ? »

Une seule chose lui manquait à Goettingue : les collections artistiques. Aussi, quand la chaire de son autre maître Bœckh devint vacante, en 1867, il répondit à l’appel de l’université de Berlin. Il demanda seulement que la direction du musée archéologique fût comprise dans les attributions du professeur d’archéologie. Il voulait que ses élèves fussent introduits dans la connaissance de l’antiquité par la même voie qu’il avait suivie autrefois ; que l’enseignement théorique fût constamment secondé et vivifié par la vue des monumens de l’art. Les études antiques, telles qu’il les comprenait, ne devaient pas être seulement une spécialité de premier ordre dans les programmes universitaires ; elles devaient répandre leur lumière sur toutes les parties de